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videra la verminière, sans y faire nouvelle ouverture, moyennant lequel ordre, fournira longuement de vers à la poulaillerie, laquelle en outre aura la liberté d’entrer dans la verminière, par la porte, qu’à telle cause on tient continuellement ouverte ; mais ce ne sera que plusieurs jours après qu’on aura commencé à fouiller dans la verminière, dans icelle s’y étant fait un vide, pour y laisser entrer la poulailler ; à mesure du fouiller, la porte s’abaisse, d’icelle ôtant les pierres de jour à autre, lesquelles on repose à côté pour réitérer le service étant venu jusqu’au fond, ce qu’on fait petit à petit, comme il est dit. Les buissons de la couverture ne seront touchés qu’à mesure que la composition en soit ôtée ; demeurant le reste toujours couvert jusqu’à la fin, de peur du dégât que la poulailler y feroit, fouillant par le dessus, ainsi qu’il a été représenté. Est à noter aussi que la verminière doit être assise en lieu chaud, à l’abri des vents à ce que sans importunité la poulailler y séjourne volontiers.

» Et à ce que telle provision de vermine ne détaille, sera bon de faire deux ou trois verminières pour servir alternativement les unes après les autres, n’en tenant jamais à la fois qu’une ouverte, pour icelle vidée derechef remplie ; par ainsi, la viande,[1] se renouvelant, fournira continuellement moyen de vivre à la poulailler ; mais par être de ménage plus requis en hiver qu’en été ; c’est aussi durant les froidures qu’on s’en sert le plus pour l’âpreté de la saison, qui ne souffre à la terre de produire alors d’elle-même tant de bestioles, herbes, fleurs, fruits, qu’en temps chaud & tempéré, dont poulailler fait son profit ».

J’ai essayé ces verminières, elles m’ont très-bien réussi ; cependant il est bon d’observer que si la volaille les a à discrétion, elle s’engraisse à vue d’œil, & pond beaucoup moins ; le trop dans tous les cas est toujours nuisible. Olivier de Serres les regarde comme très-utiles pendant l’hiver, & il a raison ; mais lorsqu’il gèle bien serré, les vers s’enfouissent profondément, & les poules n’en trouvent plus. D’ailleurs, quand ils y resteroient, ils y seroient engourdis par le froid, & la terre endurcie par la gelée, ne sauroit être divisée par les poules. Il convient donc, vers l’époque du froid, d’entourer la verminière avec du fumier, afin de la préserver des effets de la gelée, d’en retirer chaque jour la quantité dont on a besoin, & de reboucher l’ouverture avec du fumier ; mais comme les poules iroient gratter ce fumier & celui du pourtour, le tout doit être recouvert par des fagots d’épines, & assez serrés pour qu’elles ne puissent les pénétrer.

2. Des couvées. La réussite & les produits d’une basse-cour sont dans la main de la ménagère, c’est-à-dire que la basse-cour rendra beaucoup si la ménagère est active & intelligente, & très-peu si elle est

    est réduit en terreau. On doit encore le conserver soigneusement pour la culture du chanvre, du lin & autres plantes précieuses.

  1. Le mot Viande est encore admis dans l’idiôme Languedocien pour désigner toute, espèce de nourriture que l’on donne aux bœufs, mules, chevaux, brebis, poules ; & en parlant du foin, de la luzerne, &c. on dit : voila de la bonne Viande.