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2. De la Poule. Une bonne poule doit être de taille moyenne, avoir la tête grosse & haute ; la crête très rouge & pendante sur le côté ; l’œil vif & le cou gros ; la poitrine large ; le corps gros & quarré ; les jambes jaunâtres ; le plumage noir, ou tanné, ou roux, ou pommelé de noir & de blanc. On pense que les grises & les blanches sur-tout pondent moins que les autres. Cette assertion n’est pas bien démontrée ; & j’ose dire que, si toutes les circonstances sont égales, j’aime autant les unes que les autres.

On connoît les jeunes poules à la crête, aux pattes qui sont lisses & douces au toucher ; elles deviennent presque écailleuses en vieillissant ;… le caractère le plus distinctif se prend de l’arrangement des plumes près de l’anus ; dans les jeunes, cette partie se termine en pointe, & à mesure qu’elles pondent & qu’elles vieillissent, la masse des plumes s’écarte & présente une forme presque quarrée.

Les poules ont des ergots, mais très-petits. Si au contraire, & par une bizarrerie de la nature, les ergots s’allongent, on doit chasser de la basse-cour la poule qui en est pourvue. Elle devient farouche, querelleuse & trouble l’ordre de la société. Il en est ainsi des poules qui chantent à la manière des coqs. On diroit que dans ces deux cas la nature s’est trompée dans le sexe, & a donné à ces dernières plusieurs des qualités du coq.

Les poules pondent des œufs sans l’accouplement du mâle ; mais ces œufs qui n’ont point été fécondés ne sauroient éclore.

Quelques auteurs ont avancé que de tels œufs ne sont pas aussi sains à manger que ceux qui ont été fécondés. Cela peut être, mais j’en ai mangé de semblables, que j’ai trouvé aussi bons & qui ne m’ont pas plus incommodé que les autres ; comme rien n’existe en vain dans la nature, il est à croire qu’il est plus prudent de ne manger que les œufs des poules qui ont été cochées.

Il n’est pas rare de trouver des œufs singuliers ; par exemple, un petit œuf renfermé dans un grand, tout aussi bien conforme que lui, & quelquefois l’œuf intérieur sans jaune ; quelquefois un œuf a deux jaunes ou est sans jaune ; un œuf dont la coque est chargée d’une quantité de petits corps blancs de même nature que la coque, & qui affectent plusieurs formes régulières ou irrégulières, enfin qui représentent tout ce qu’une imagination surprise croit y appercevoir.


CHAPITRE IV.

De leur conduite & de leur éducation.

1. Nourriture. La poule est un animal qui s’accommode de tout & même de la chair de ses semblables, lorsqu’elle est cuite ; elle aime toute espèce de grains, si on excepte cependant les vesces sauvages qui croissent parmi les bleds & dont les pigeons sont si friands ; elle recherche avec avidité les laitues & plusieurs autres plantes potagères ; les vers, les insectes & jusqu’aux petites couleuvres sont pour elle un repas délicieux.

Une bonne ménagère, avant de monter sa basse-cour, examine quelle