Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est doux pour l’ordinaire ; le noir n’indique rien d’agréable ni de salutaire.

Les qualités sont donc inhérentes au végétal, & ses propriétés varient selon l’usage que nous en faisons, & l’impression qu’elles opèrent sur nous. Les qualités servent d’induction pour les propriétés. On ne s’attache pas ordinairement à découvrir des propriétés dans une plante qui n’a ni odeur, ni saveur.

Nos connoissances sont encore bien bornées sur les véritables propriétés des plantes. Bien plus, on hésite assez souvent sur le nom propre des plantes ; (voyez le mot Simples) on sait seulement que l’action des remèdes & des poisons qui ne diffèrent que du plus au moins, se porte tantôt sur les nerfs, tantôt sur les fibres musculaires, ou sur le sang & les autres fluides. Les uns agissent sur certains organes, d’autres, sur telle partie. Les uns augmentent la sécrétion des urines, les autres, celle de la transpiration, de la salive, des glandes intestinales, &c. ; cette action est souvent autant mécanique que physique, lorsque le remède agit à raison de la figure & du poids de ses parties constituantes.

Les qualités des plantes changent suivant les époques de la végétation, suivant la saison, le climat, le sol, l’exposition & la culture, c’est la même loi que dans les plantes nutritives. La propriété change aussi avec l’état de la maladie. La même plante a quelquefois plusieurs vertus, & chacune de ses parties peut en avoir une particulière. Le buis a ses feuilles astringentes, & son bois est frigorifique. L’orange, le citron, ont un suc acide, rafraîchissant ; l’écorce en est douce, aromatique, cordiale ; la graine en est amère, vermifuge.

On a remarqué que les plantes avoient, selon l’état où on les prend, & celui où se trouve le corps vivant, des qualités contraires. Un fruit commence par être acerbe, il devient acide, puis doux ; un légume est savoureux, tendre, & plein de suc lorsqu’il est à son point ; s’il passe, il est insipide, sec, coriace ; une fleur est inodore avant son développement ; laissez-la épanouir, elle répandra une odeur suave, ou une odeur forte ; ses principes odorans se dissiperont en séchant, elle restera sans vertu.

En quoi consistent les principes médicamenteux ? la chimie en a découvert quelques-uns, les autres sont encore inconnus, & leurs combinaisons forment les différentes saveurs & odeurs qu’il n’est pas possible de déterminer d’une manière précise ; on les compare entre elles & on les définit vaguement.

On fait que parmi les plantes, les unes abondent en principes aqueux ; dans les autres, c’est le principe huileux qui domine. On trouve dans plusieurs, différens sels, soit naturels, soit qu’ils résultent de l’analyse. La terre & l’air entrent toujours pour beaucoup dans la structure végétale, & contribuent à donner quelques qualités aux plantes.

Les anciens avoient distingué plusieurs degrés dans les qualités des plantes & de toute chose. Ainsi ils auroient dit qu’une telle plante est échauffante ou rafraîchissante, amère ou douce à tel & à tel degré. On a trop négligé cette manière d’apprécier les qualités des médicamens, ou plutôt d’évaluer le degré de nos