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qu’agréable à la vue, a toutes ses plumes retournées en haut & comme frisées.

9. Le Coq et la Poule nègres ou de Mozambique. Gallus cristâ & paleis nigris. Celle-ci diffère des autres, non-seulement par la couleur de ses plumes qui sont presque toujours noires, mais encore parce que la crête, les membranes charnues qu’elle a sous la gorge, l’épiderme & le périoste, sont tellement noirs, que lorsqu’elle est cuite il semble qu’on l’ait fait bouillir dans de l’encre.

10. Le Coq et La Poule sans croupion ou de Perse. Gallus uropygio, carens, persicus. Cette espèce ressemble aux autres par sa grandeur, sa grosseur & la variété de ses couleurs ; mais elle n’a point du tout de croupion, & conséquemment point de queue.

11.. Le Coq et la Poule du Japon. Gallus pennis pilorum emulis. Cette espèce est à peu près de même grandeur & grosseur que nos coqs & poules ordinaires. Ils sont couverts par tout le corps de plumes blanches, mais très-singulières ; car leurs barbes ne sont point jointes ensemble comme dans les plumes ordinaires, mais elles sont séparées & imitent assez bien des poils. Leurs pieds sont couverts de plumes jusqu’à l’origine des doigts, du côté extérieur seulement, & le doigt extérieur de ceux de devant est de même couvert de plumes jusqu’à l’ongle[1]. Telles sont les espèces décrites par M. Brisson, & auxquelles on peut rapporter les infinies variétés que l’on rencontre par-tout.


CHAPITRE III.

Des qualités que doivent avoir les coq* & les poules.

Du Coq. On exige qu’il soit d’une taille forte, d’un plumage rembruni ; qu’il ait la patte ferme, grosse, garnie d’ongles, & chacune d’un fort ergot ; que la cuisse soit forte, longue, grosse, bien garnie de plumes ; la poitrine large, le cou élevé & très fourni de plumes ; le bec court & gros ; l’oreille blanche & grande ; les barbes d’une couleur d’un rouge vif, & bien pendantes ; les plumes du col & de la tête étendues jusque sur les épaules ; la crête large, étendue, épatée & d’un beau rouge ; l’aile forte ; la queue grande & repliée en faucille.

On voit quelquefois des coqs, parmi ceux de l’espèce ordinaire, qui au lieu d’une crête simple & élevée l’ont divisée en deux & même en plusieurs pièces ; de manière que leur assemblage ressemble à des caron-

  1. J’ai vu en 1777, dans la ménagerie du prince Charles à Bruxelles, un lapin dont la loge touchoit à celle d’une poule ; lorsqu’on soulevoit la trape qui les séparoit, le lapin se hâtoit d’entrer dans la loge de la poule, la caressoit & la cochoit de la même manière que l’auroit fait un coq. Dans une autre loge voisine étoit une poule du Japon que l’on disoit être provenue de cet accouplement monstrueux. Ceux qui ne connoissoient pas les poules du Japon, surpris de la blancheur & de la disposition des barbes de ses plumes, admiroient le phénomène & le croyoient. C’est ainsi que les erreurs & les préjugés se propagent ; & les trois quarts des habitans de Bruxelles jureroient aujourd’hui que le fait est avéré. Il n’y a de vrai que, l’accouplement réel & très-réel du lapin & de la poule qui se prêtoit à ses caresses.