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d’un beau soleil, une plante de sensitive ; c’est-à-dire, qu’aussitôt que les feuilles, après le premier attouchement, avoient repris leur position diurne, je les touchai de nouveau & ainsi de suite. À la fin du second elles ne furent plus sensibles.

Des propriétés des plantes.[1]

Qualités, vertus, usages des plantes. Expressions qu’on rend souvent synonymes en médecine, & qui ne devroient pas l’être. Chacun de ces mots a sa valeur, en voici la signification.

La propriété est le rapport qu’il y a entre les principes constituans de telle plante, & la disposition du corps animal auquel nous l’appliquons, soir comme aliment, soit comme remède. On peut dire, en général, que toutes les plantes ont des propriétés particulières, quoiqu’elles ne nous soient pas connues. La propriété annonce qu’une plante a une vertu déterminée, laquelle est décidée dans les spécifiques ; c’est sa qualité particulière.

La qualité dit quelque chose de plus vague. Plusieurs plantes ont des qualités communes. C’est ainsi qu’on range par classes les purgatives, les astringentes, les émollientes, &c. La manne, la rhubarbe, le séné & la catapuce ont toutes des qualités purgatives. Mais elles les possèdent à différens degrés à raison des principes qui leur sont propres, & c’est en quoi consiste leur propriété ; l’une est un purgatif fort doux, l’autre est moyen, & le dernier est très-actif.

La qualité s’entend des choses bonnes, comme des mauvaises, tandis que la propriété est quelque chose d’essentiellement utile. Propriété & qualité s’appliquent également aux substances des trois règnes de la nature. Vertu des plantes est un terme générique plus affecté aux productions végétales. Il annonce que telle plante à la faculté d’agir, par conséquent qu’elle a des qualités & des propriétés médicinales.

Sous le titre de plantes usuelles on comprend, non-seulement les plantes dont la médecine tire quelques secours, mais encore toutes celles qui sont d’un usage quelconque. Ainsi, en démontrant les plantes usuelles, un botaniste distingue celles qui sont médicinales, économiques, alimentaires, celles, qui servent de fourrage, ou de matériaux aux arts. En cela, elles sont toutes de quelque usage. Le titre de plantes usuelles sépare celles que nous qualifions telles dans nos distinctions conventionnelles, 1°. de celles que nous croyons être inutiles, parce que nous n’en savons pas faire usage ; 2°. de celles que nous nommons mauvaises, respectivement à celles que nous cultivons & auxquelles elles nuisent ; 3°. enfin de celles qui sont réputées vénéneuses & dont nous évitons de faire usage, parce qu’elles nous sont suspectes. 4°. On pourroit comprendre dans la division des plantes non-usuelles celles que nous regardons comme simplement curieuses, soit

  1. Cet article nous a été fourni par M. Amoreux, fils, Docteur en Médecine à Montpellier. Ceux que l’on trouvera marqués A. X., sont de lui.