Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces sujets ne poussent qu’une tige ; qui devient très-vigoureuse, & qu’il faut aider en supprimant les bourgeons qui partiroient ensuite du pied. D’autres en produisent à la fois plusieurs, qu’il faut laisser, jusqu’à ce qu’une d’elles s’annonce comme préférée par la nature. On la débarrasse des autres, non pas toutes à la fois, mais successivement de 8 en 8 jours, pour ne pas brusquer la direction de la sève, de sorte qu’en automne tous les jets conservés se trouvent de trois à quatre pieds de hauteur.

» En février de la quatrième année, il faut toujours en appuyant le sabot, couper bien de biais tous les talons des sujets recépés, afin que l’écorce puisse les recouvrir. Vers le mois de juillet, il faut arrêter à six ou sept pieds de haut, tous les sujets qui y seront parvenus, afin qu’ils commencent à former leur tête. Il ne faut absolument point les élaguer ; mais s’il naît le long de la tige quelque branche gourmande, on la tord à la main pour en empêcher l’accroissement, en évitant soigneusement d’employer le fer, sauf pour retrancher les bifurcations, du sommet.

» On donne en novembre une fouiture à la fourche, qui enterre les pailles ou la fougère qui couvroient le sol, & dorénavant il ne faut plus que ratisser les herbes qui pourroient croître dans la pépinière.

» Au printemps de la cinquième année, il est important d’observer les jeunes arbres, & de marquer d’un fil de laine blanche, tous ceux dont les bourgeons se développent les premiers ; d’une laine bleue, ceux où la sève se portera en second lieu ; d’une laine rouge, les plus tardifs. On tient note sur un registre de l’indication de ces couleurs, ou de telles autres qu’on adoptera ; on verra ci-après de quelle conséquence est cette attention. Si on a quelques sujets rachitiques & dont on ne puisse point espérer de tige droite, il faut les greffer à un pouce ou deux de terre, en y appliquant une greffe d’espèce bien poussante, & choisie sur un arbre qui ne soit point chargé de bourgeons à fruit. Elle donnera bientôt une tige qui atteindra les autres. L’on peut vers le mois de juin retrancher à la serpette, & de très près, la moitié du nombre des brindilles qui sont le long de la tige, & notamment toutes les branches bistournées de l’année précédente. Il faut de même décharger la tête de l’excès de ses poussures, & n’y laisser que trois branches, qu’il est bon d’arrêter, si l’on voit qu’elles s’emportent.

» Plusieurs des sujets seront au printemps de la sixième année, assez gros pour être greffés à cinq pieds & demi ou six pieds de hauteur. On observe alors de quelle laine ils sont marqués, & on leur adapte des greffes de tempérament analogue ; c’est-à-dire, des hâtives au sujets hâtifs, des sages aux sages, des tardives aux tardifs. Il résulte de cette précaution, que la sève trouvant dans le sujet & dans la greffe, la même disposition d’organes & de vaisseaux, y circule librement, & y occasionne un développement égal. Si au contraire on donne une greffe tardive à un sujet hâtif, la sève qui monte, ne trouvant point les vaisseaux de la greffe encore ouverts, redescend vers les racines ; sa surabondance fait pousser des rejetons ou des branches le long de la tige, de sorte qu’elle est épui-