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exactement avec le râteau à dents de fer. Si la terre est sujette à se croûter ou hâler, il faut la couvrir de terreau de l’épaisseur d’un doigt ; l’on prend ensuite les soins nécessaires pour en écarter les oiseaux & les souris.

» Le jeune plant lève bientôt, & si l’on a eu soin de l’arroser dans les sécheresses, de le sarcler exactement & de le serfouir à la fourchette, il acquiert dans sa première année, 12 à 15 pouces de hauteur ; sinon on le laisse deux ans dans le semis.

» Dès que les feuilles sont tombées, c’est-à-dire au mois de novembre de la première année, on peut avec de longues fourches, soulever ce plant & l’enlever de terre, sans tirer dessus. On trouve chaque brin muni d’une racine presque unique & pivotante, qu’il faut couper avec la serpette, à deux pouces au plus du collet.[1]

» On aura préparé pendant l’été dans un lieu abrité du nord, en terre riche, nette & bien amendée, un quarré ou rectangle, profondément labouré à la bêche. Lorsqu’on est prêt à planter, il faut le diviser exactement & régulièrement par des rigoles ou petits fossés d’un pied de largeur & de profondeur, distans l’un de l’autre de deux pieds & demi ; st la terre est légère & sablonneuse, c’est dans ces petits fossés ; si elle est forte & conservant l’eau, c’est sur leur crête qu’il faut aligner les petits plants, à 18 pouces de distance sur le rang. Il faut les sarcler exactement, les serfouir avec la fourchette, & même les arroser en cas d’une longue sécheresse. Vers, la fin de novembre, on remplace les sujets morts ou par trop languissans ; ainsi se passe la première année de leur établissement.

» La seconde année, on observe les progrès de ces jeunes arbres. Si quelques-uns poussent vigoureusement, il ne faut que prévenir les bifurcations qui pourroient se former à leur sommet. On supprime alors celle des deux branches qui est la moins forte, à moins que sa direction n’obligeât de la conserver. Un binage à la fourche au printemps, un en automne, & des sarclages au besoin, sont toutes les cultures nécessaires. Dans les pays chauds, il est besoin de couvrir le sol de la pépinière avec de vieilles pailles, de la fougère ou de la mousse, pour garantir les racines de l’impression du soleil, & leur conserver l’humidité propre à leur accroissement.

» Au mois de février de la troisième année, il faut recéper à un pouce au-dessus de terre, tous les sujets dont la végétation n’est point remarquable ; mais pour faire cette opération sans ébranler les racines, il faut appuyer le pied chaussé d’un sabot contre le jeune arbre. Alors, avec une serpette bien tranchante, on fait en talus une coupe bien franche, orientée au nord. Quelques-uns de

    les habitans sèment & traitent les pépins à la charrue & à la herse comme le blé ou le lin ; ils le vendent par bottes en Automne & à très-bon marché.

  1. Note de l’Éditeur. Ce précepte ne s’accorde pas avec ce que je n’ai cessé de répéter sur l’inutilité & l’abus de couper le pivot. Je prie l’Auteur, & tous ceux qui forment des pépinières, de comparer les arbres élevés suivant les deux méthodes.