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même de ces arbres qui produisent plus souvent & plus abondamment que les autres, comme aussi il peut s’en trouver qui ne soient pas chanceux, alors on les grefferoit sur les branches ; mais lorsqu’un arbre non greffé produit de beau & de bon fruit, & en produit souvent, il faut le conserver puisqu’il est plus vigoureux qu’un autre, dure plus long-temps, & n’est pas si sujet à être cassé par les vents.


CHAPITRE II.

De la culture des Pommiers à cidre

Des semis & plantation. Le seul moyen de se procurer une certaine quantité de ces arbres, est le semis, & cette quantité doit être considérable dans les provinces où le cidre est la boisson générale. L’expérience a démontré que les meilleurs sujets étoient ceux provenus de semis des pépins, non des pommes à couteaux, mais des pommes à cidre. Pour le procurer le nombre de pépins nécessaires, il convient de ramasser les pommes que la pourriture fait tomber de l’arbre, sur-tout quand cette pourriture ne commence à se manifester que lorsque le fruit approche de sa complète maturité ; dans ce cas, le parenchyme du fruit se décompose, & le pépin n’est pas altéré. Le second moyen consiste à choisir dans les tourteaux du marc, après le pressurage du fruit, les pépins qui n’ont pas été écrasés par la meule, & on les sépare du marc par des lavages réitérés. L’expédient le plus avantageux à mon avis, est, nu temps de la récolte, de séparer un certain nombre de pommes, proportionné au semis que l’on le propose de faire, de choisir les plus belle & celles dont la qualité est reconnue pour donner le meilleur cidre ; de les conserver avec autant de soin dans le fruitier, que les pommes à couteau ; enfin, lorsque le moment des semis arrivera, de séparer alors les pépins de la chair saine ou pourrie du fruit, de laver ces pépins, de les confier aussitôt à la terre. Je n’ai cessé de dire & de prouver, dans cet ouvrage, que le grand travail de la nature n’avoit d’autre bot que la régénération des êtres ; que la chair du fruit est la matrice dans laquelle l’embryon ou pépin est renfermé ; enfin, que par cette chair, le pépin reçoit la nourriture la plus parfaite, & que les sucs nutritifs sont le précieux rendu & la dernière analyse de la sève entière de l’arbre & de toutes ses parties. Revenons aux procédés. Ce qu’on va lire m’a été fourni par M. d’Ambournay, aussi bon cultivateur que savant distingué.

» Il faut prendre du marc de pommes & de poires, au sortir du pressoir, l’éparpiller dans un envier rempli d’eau, & l’y agiter & brasser avec des fourches. On enlève ensuite le plus de la pulpe qu’il est possible ; on décante l’eau & on la renouvelle ; de sorte qu’il ne reste à peu près au fond du envier que les pépins ; il faut les sécher à l’ombre, & vers la fin de février on les sème un peu clair, sur un carreau de potager, ou autre terre riche & profondément labourée à la bêche & bien amendée.[1] On dentelle & ratifse

  1. Dans quelques Paroisses du Roumois & du Lieuvain, dont le sol est favorable,