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pes de fleurs ne retiennent après eux que des fruits très-médiocres en grosseur, d’un goût âpre & acerbe, & qui peut, tout au plus, servir à la nourriture des pourceaux. En général, le pommier sauvage a ses feuilles, ses fleurs, plus petites, plus étroites, ses rameaux plus courts que ceux de l’arbre cultivé ; livré à lui-même, il se hâte d’incliner ses branches, de se charger de mousse, & l’on peut dire, par comparaison, qu’il croît très-lentement, & par conséquent que son bois est plus serré, plus compact & plus dur que celui des pommiers de nos jardins. En général, ses feuilles s’éloignent peu de la forme ovale.

2. Des pommiers à cidre. Je ne puis les décrire exacternent ; 1°. parce que leurs espèces & leurs dénominations varient d’un lieu à un autre ; 2°. parce que je n’ai jamais été dans le cas de pouvoir en faire une étude suivie.

M. le marquis de Chambray, ce citoyen si respectable & si zélé, les divise en trois classes. La première renferme des fruits précoces ; ils sont d’une grande utilité, & procurent des cidres à ceux dont la récolte précédente a manqué ; souvent on les attend avec impatience ; le cidre en est léger & agréable ; on en boit ordinairement vers le commencement d’août ; ces pommes sont l’ambrette, la renouvellet, la belle-fille, le jaunet, le blanc ; il est convenable de greffer ces pommiers dans un même canton, pour avoir plus de facilité à les cueillir, sans être obligé de parcourir tous les plants.

Les pommes de la deuxième classe que l’on cueille à la fin de septembre & au commencement d’octobre, sont le fresguin, la girouette, la haute-brançhe, le long-bois, l’avoine, le gros adam blanc, le doux évêque, le rouget, l’écarlate, le blanc-mollet, le bedan, le petit-manoir, le saint-georges, le gros amer doux, le petit amer doux, & marie la douce.

Les fruits de la troisième classe sont mûrs à la fin d’octobre ; les meilleurs sont la peau de vache, l’alouette rousse, l’alouette blanche, la coste, le blagny, le blanc duré, l’adam, le doux rité, le matois, la pépie, le doux vert, la closente, la rousse, la reinette douce, marie honfroy, le rambouillet, le pied de cheval, le gros coq, l’équielé, l’épicé, l’ante au gros, le bon valet, le saint-bazile, le muscadet, l’amer mousse, le petit moulin à vent, la petite chappe, le rebois, le grout, la germaine, la sauge, & une infinité d’autres.

Il s’en forme tous les jours des espèces nouvelles qui viennent dans les pépinières, & qui sont d’une excellente qualité ; elles multiplieroient bien plus si on laissoit rapporter tous les jeunes arbres avant de leur couper la tête. On fait souvent de grandes injustices dans cette exécution, continue M. de Chambray, il en est des pommes comme des fleurs que l’on sème ; la graine produit beaucoup de simples & peu de doubles ; les pommes simples sont petites, aigres, ont peu de suc ; la chair est verte ; les doubles sont grosses, blanches ou colorées, ont la chair jaune ou blanche, sont douces ou amer-douces, & certainement les espèces nouvelles en valent bien d’autres. Il est vrai que l’on prétend que les pommiers qui n’ont pas été greffés, rapportent plus rarement que les autres ; mais j’ai l’expérience du contraire ; il y a