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les mêmes effets chez les nourrices pauvres & mal alimentées, & que c’étoit à cette cause qu’il falloit attribuer le changement favorable survenu dans leurs enfans. Je suis donc pleinement convaincu que cette plante est digne de la plus sérieuse attention de la part des médecins auxquels elle pourra fournir des moyens préservatifs & même curatifs.


Section IX.

Observations concernant la culture & les usages des Pommes de terre.

Quoique leurs heureux effets soient constatés par l’usage journalier qu’en font, depuis des siècles, des nations entières bien instruites en matière rurale, ces racines n’ont pu se dérober aux traits de la calomnie. Que d’inconvéniens n’a-t-on pas attaché à leur culture ; que de maux imaginaires n’a-t-on pas prêté à leurs propriétés économiques. On a dit & on a répété que la pomme de terre exigeoit beaucoup du sol ; que bientôt elle épuisoit le meilleur terrain, & le rendoit incapable de produire des grains ; que d’un autre côté, elle n’avoit que le goût des assaisonnemens qu’on y ajoûtoit, & qu’il étoit impossible d’en préparer des mets savoureux ; mais toutes les allégations défavorables à cette plante ne prévaudront jamais contre l’expérience & l’observation. Nous ne répondrons qu’à quelques reproches.

Il est bien certain que si le champ sur lequel on cultive les pommes de terre est bien travaillé & bien fumé, le froment qu’on y sème ensuite, réussira constamment ; mais si au contraire ces tubercules sont plantés dans un sol très-léger, & qu’on leur fasse succéder ce grain, on doit peu compter sur le produit ; tandis que si c’est du seigle qu’on employe de préférence, il viendra de la plus grande beauté. Si donc les terrains où l’on a récolté des pommes de terre sont propres au froment, on peut les ensemencer en fumant de nouveau, quelquefois même ce secours est inutile ; mais en alternant, sans discontinuer, les productions ; c’est le moyen de ne pas effriter, épuiser le sol.

L’épuisement prétendu du sol, opéré par la pomme de terre, dépend sans doute de sa végétation vigoureuse plutôt que d’expériences & d’observations particulières : il n’est pas étonnant en effet que, voyant rassemblé au pied de la plante une quantité énorme de grosses racines charnues, remplies de sucs nourrissans, on en ait conclu que cette croissance vigoureuse ne pouvoit s’obtenir qu’aux dépens du terrain qu’elle devoit nécessairement appauvrir ; mais les recherches des modernes ont trop bien démontré la fausseté de cette hypothèse, pour qu’il soit nécessaire d’y insister de nouveau. Je me bornerai à cette simple question, si le reproche dont il s’agit avoit quelque fondement. Pourquoi, dans certains cantons la fécondité des pommes de terre est-elle aujourd’hui ce qu’elle étoit il y a un siècle ? & pourquoi fait-on succéder à cette culture celle des grains qui rapportent plus que les jachères ordinaires ?

Il est démontré par une expérience non interrompue de beaucoup d’années, que toutes les productions prospèrent dans un champ planté en pommes de terre l’année d’aupa-