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celui enfin qui convient au seigle plutôt qu’au froment, mérite la préférence, & l’on a remarqué que quand il avoit été quelque temps en friche, il rapportoit beaucoup plus que s’il avoit été fumé l’année d’auparavant, vu qu’un engrais trop récent communique toujours à ces racines un goût particulier, désagréable même dans certaines espèces.

Mais, on ne sauroit trop le répéter, la bonté des pommes de terre dépend autant de la nature du sol que des espèces particulières ; toutes seront tendres, farineuses dans un sable un peu gras ; au contraire elles seront visqueuses & de mauvais goût dans un fond glaiseux ou trop fumé ; malgré l’influence des saisons qui contribue aussi à leurs différentes qualités. On doit encore mettre les pommes de terre, de préférence à toute autre production, dans les prairies artificielles nouvellement défrichées ; leur culture, l’ombrage de leurs feuilles, détruisent les chiendens toujours très-abondans dans les vieilles luzernières ; mais, règle générale, il faut que le terrain destiné à recevoir le plant ait dix à douze pouces de fond pour toutes les espèces de pommes de terre, qu’il ne soit pas trop humide pour les blanches, ni trop aride pour les rouges, ni trop gras pour les unes & les autres.

Quel que soit le terrain, pourvu qu’il soit aussi meuble qu’il est possible autour de la plante avant qu’elle y soit déposée, & pendant le temps que dure son accroissement, cela suffit : car s’il y a une plante qui exige une terre parfaitement bien travaillée, & qui récompense amplement le cultivateur de ses frais, c’est, sans contredit, la pomme de terre ; il faut labourer le plus profondément que l’on peut, d’abord, aussitôt après la récolte & avant l’hiver, ensuite, pendant l’hiver, & la dernière fois, au moment où il s’agit de faire la plantation. Ces labours peuvent être diminués ou augmentés à raison de la nature du sol ; une terre forte & tenace demande à être plus souvent divisée qu’une terre légère ; il vaudroit même mieux ajouter à la première du sable que du fumier : car, dans ce cas il devient engrais. On conçoit qu’elles réussissent davantage dans un terrain défoncé, même sans engrais, que dans celui bêché, ou labouré & fumé, & que le premier est amélioré pour plusieurs années ; mais on peut établir que deux labours suffisent pour préparer toutes sortes de terrains à rapporter des pommes de terre ; le premier, très-profond, sera fait avant l’hiver, & le second au mois de février ou de mars, peu de temps avant la plantation.


Section IX.

Choix des Pommes de terre pour la plantation.

Il faut toujours faire en sorte que les pommes de terre destinées pour cet objet, soient recueillies parfaitement mûres, bien conservées, & sur-tout qu’elles n’aient pas été frappées par le froid ; celles qui sont en pleine germination, ou dont on auroit arraché les premières pousses, n’y sont pas moins propres ; mais est-il plus avantageux de les couper en plusieurs morceaux que de les planter entières ? Doit-on préférer les grosses