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toutes ces maladies, nous y renvoyons le lecteur. M. AMI.


POIVRE D’INDE ou de GUINÉE, ou POIVRE LONG, ou CORAIL DES JARDINS. Tournefort le place dans la septième section de la seconde classe, qui renferme les herbes à fleur en rosette, dont le pistil devient un fruit mou & charnu. Il l’appelle capficum siliquis longis propendentibus. Von-Linné le classe dans la pentandrie monogynie, & le nomme capsicum annuum.

Fleur ; petite, d’une seule pièce, découpée en rosette par cinq segmens pointus & refléchis en dehors.

Fruit ; baie sans pulpe, à deux loges, longue de deux à trois pouces & souvent plus suivant la culture ; arrondie en forme d’œuf, d’un rouge de corail dans sa maturité. Les semences petites, aplaties, de couleur jaune-paille, & en forme de rein.

Feuilles ; luisantes, amples, très-entières, soutenues par de longs pétioles.

Racine ; rameuse, fibreuse.

Port ; tige d’un à deux pieds de hauteur, herbacée, rameuse ; les fleurs sont opposées aux feuilles, soutenues pour l’ordinaire par de longs péduncules, les fruits sont inclinés vers la terre, & les feuilles alternativement placées sur les tiges.

Lieu ; originaire des Indes, cultivée dans nos jardins ; la plante est annuelle.

Culture ; dans la majeure partie de nos provinces du nord, on ne cultive cette plante que pour la décoration des potagers, parce que la couleur rouge & brillante de son fruit contraste très-bien avec le brun luisant de ses feuilles. Il n’en est pas ainsi dans les provinces de l’intérieur, son fruit dans la maturité & quand il est sec, tient complètement lieu de poivre dans les cuisines des grandes & petites fermes. Dans nos provinces du midi, leurs habitans préfèrent un poivron à l’oignon & à l’ail pour le repas du matin. Le poivron est ce fruit encore petit & vert, & qui n’a pas encore changé de couleur. Lorsque sa robe a pris la teinte du corail, il ne sert plus que pour la cuisine. Cette plante est au nombre de celles dont la culture est réglée dans les jardins.

On se hâte d’en semer la graine afin de jouir de bonne heure des poivrons. Les endroits les plus abrités & les plus chauds sont choisis de préférence. On rassemble les fumiers les plus consommés, les terreaux les meilleurs, pour en former une espèce de couche. Je dirai presque que c’est la seule plante, après les fèves, pour laquelle les paysans de Provence & de Languedoc ne plaignent pas les petits soins. Leur attention va jusqu’à couvrir les semis s’ils craignent une gelée blanche, La plus petite gelée les fait peur.

Les plus pressés sèment en février, les autres en mars, & les replantent dans un terrain bien fumé & bien défoncé dès qu’ils ont quatre à six feuilles.

Dans les provinces du nord, on sème la graine dans des terrines, caisses, pots, &c. que l’on enterre dans le fumier chaud & au besoin on couvre le tout avec des pailassons. Cette graine germe & levé facilement, pourvu qu’elle soit pressée, ou par la chaleur qui lui est communiquée par le fumier, ou par celle du soleil. Elle souffre & languit dès