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vérité, mais presque la totalité des feuilles est brisée & ne fait plus autant de profit.

Il ne reste plus à parler que du pois nain, n°. 12. Ce pois n’est pas d’excellente qualité, mais il produit en abondance & on le vend très-bien dans les grandes villes. Son grand avantage est de n’avoir besoin ni de rames, ni de tuteurs, & de fruiter beaucoup. Sa cosse est bien fournie ; on le sème & on le travaille comme les autres ; ce pois est beaucoup cultivé dans les environs de Lyon.

3. De la culture des pois relativement au fourrage. Après avoir labouré les champs, croisé & recroisé avec la charrue, on sème fort dru & par préférence les pois qui produisent naturellement plusieurs tiges. Ici il ne s’agit plus de récolter des grains, mais un fourrage abondant. Cette culture ne peut guère avoir lieu dans nos provinces trop méridionales ; mais elle est d’un très-grand secours dans celles du centre & du nord du royaume. On sème après avoir donné le dernier labour & on herse aussitôt. Le pois ne tarde pas à germer, à produire des tiges qui étouffent toute espèce de mauvaise herbe. Ce champ ne demande plus aucun soin.

On peut couper ou faucher par parties, dès que les tiges sont assez hautes, afin de procurer une bonne nourriture aux agneaux & aux brebis qui nourrissent. Dans tout autre cas on attend pour faucher que les plantes soient dans leur plus grand état de fleuraison & qu’il commence un peu à passer. On laisse ce fourrage étendu sur le champ pour le faire sécher, & on le traite comme le foin. (Consultez ce mot.)

Si avec ces pois on a semé des fèves, des pois chiches, des vesces, des ers, afin d’établir une meilleure bourrée & procurer un soutien aux tiges des pois, c’est ce que l’on nomme dragée en Flandre, & on la fauche à l’époque indiquée ci-dessus.

4. De la culture des pois sans parchemin. Elle ne diffère en rien des précédentes, soit dans les jardins, soit dans les champs. Leurs grains se séparent difficilement de la cosse, & si on emploie le fléau pour les détacher, il y en reste la moitié, il vaut mieux les écosser avec les doigts.


CHAPITRE III.

Des propriétés des Pois.

Propriétés économiques. On peut regarder les pois comme un des légumes les plus précieux, rien n’est perdu. Son grain, soit en vert, soit en sec, sert de nourriture à l’homme, & en sec il tient lieu d’avoine aux animaux. On mange la cosse des pois sans parchemin ; & même celle des pois à parchemin donne, après que le grain en a été séparé, une purée très-bonne, mais qui diffère de celle fournie par le pois même. On jette ces cosses dans de l’eau où on les laisse bouillir jusqu’à ce que l’on sente que la pulpe se détache du parchemin ; alors on écoule l’eau, on laisse un peu refroidir les cosses, on tord ensuite le tout dans un linge fort & à tissu peu serré. La pulpe se sépare & tombe dans un vase placé pour la recevoir, & le parchemin reste sec dans le linge. Cette purée fait de très-bonnes soupes au gras ou au maigre. Si on ne veut pas en retirer ce parti économique, on