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» On les sème dès les premiers jours de novembre, dans des paniers à claire-voie de sept à huit pouces de hauteur sur dix à douze pouces de diamètre, qu’on remplit de terre & de terreau mêlés ensemble, avec un pouce de crottin par dessus ; vingt à vingt-cinq grains dans chaque panier sont plus que suffisans. On les laisse en plein air à l’abri de quelque mur jusqu’aux gelées ; ils ont poussé alors cinq ou six feuilles si l’automne est un peu beau ; on les transporte ensuite dans une serre qui ne soit pas trop chaude, à laquelle on puisse donner de l’air toutes les fois que le temps le permet ; pourvu que la gelée ne pénètre pas, c’en est assez. Aussitôt que le temps se radoucit, on les met dehors sans trop les écarter, pour être prompt à les rentrer quand a gelée recommence, & jusqu’à la mi-février on continue de les garder à vue pour n’être point surpris : on les change alors de situation & on les met sur des couches chaudes (consultez ce mot) qu’on doit avoir préparées à cet effet. Ces couches doivent être enterrées de deux pieds, & sont, à proprement parler, des couches sourdes : dans le milieu de l’épaisseur du fumier, on met cinq à six pouces de terre & deux ou trois pouces sur la superficie qu’on recouvre ensuite de terreau en telle quantité que les paniers soient garnis tout autour sans excéder ; ces paniers se posent sur la superficie des fumiers & se rangent en échiquier sur trois rangs, de manière qu’ils soient à six pouces de distance les uns des autres : on observe de laisser passer le grand feu des couches avant de les mettre en place, »

» Ils fleurissent promptement dès qu’ils ont senti cet air de chaleur, mais, comme ils ont encore à craindre les gelées qui surviennent en mars, voici les précautions qu’il faut prendre pour les en garantir. »

» Prenez des cercles de grands tonneaux, appointez les deux bouts & faites les entrer en terre sur les deux bords des couches qui se trouvent de niveau avec le terrain ; espacez-les de trois en trois pieds sur toute la longueur, & pour les entretenir, prenez des lattes courantes avec lesquelles vous les lierez ; trois rangs sont suffisans, & pour plus de solidité, enfoncez quelques échalas dans le milieu des couches, attachez-les de même aux cercles avec de bons osiers ; par dessus ce treillage vous jetterez au besoin des paillassons faits avec la ficelle, qui enveloppent bien tout le circuit, & vous les mettrez doubles si un ne suffit pas. Vous fermerez aussi les deux extrémités des couches de manière que la gelée ne puisse pas y pénétrer : conduits & soignés de cette façon, ils vous donneront leurs fruits dès les premiers jours d’avril pour peu que le mois de mars soit beau ; mais quelque temps qu’il fasse, ils devanceront toujours de trois semaines ceux des postières, & après que le fruit sera cueilli, vos couches qui, à la faveur du tan, conservent pendant trois mois une bonne tiédeur, vous serviront encore à élever tout ce que vous jugerez à propos. Il est entendu qu’il faut arrêter les plantes à la seconde ou à la troisième fleur, & qu’il faut vider les paniers quand le fruit est cueilli, les faire sécher & les enfermer pour servir de nouveau pendant l’année suivante.»

» À l’égard des pois qu’on veut élever pour l’arrière-saison, il faut les semer à la fin d’août ou dans les