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la transplantation est nécessaire à moins qu’on ne soit assuré de la pluie.

Comme dans les provinces tempérées on a l’avantage de semer pendant tous les mois de la belle saison, on peut également replanter & conserver pour l’hiver un certain nombre de pieds que l’on met à l’abri sous la paille pendant la durée du froid : si la paille est chère & rare, on y substitue les feuilles & c’est encore mieux ; après avoir coupé la sommité des feuilles, on butte le reste avec de la terre que l’on bat afin que l’eau ne la pénètre pas ; s’il survient du beau temps, on découvre un peu les plantes, on émonde les feuilles gâtées, afin de préserver la plante de la pourriture à laquelle elle est fort sujette. La poirée verte soutient mieux le froid que les autres. Si, comme dans les environs de Paris, on a du fumier de litière à discrétion, il sera plus avantageux de s’en servir que des autres expédiens dont on a parlé ; mais ailleurs le fumier est trop cher.

En général, on coupe toutes les feuilles de la poirée, ras terre, au commencement de septembre, afin de lui faire produire une ample récolte en octobre. Cette opération n’empêche pas pendant tout l’été de casser successivement toutes les côtes qui sont assez larges pour servir d’alimens : il part sans interruption de nouvelles feuilles de la plante.

Lorsqu’elle veut monter en graine, elle devient plus économe, sa tige s’élève avec rapidité entre les feuilles radicales, & dès-lors toute suppression est interdite : on ne conserve que quelques pieds, & tous les autres sont arrachés.

Propriétés. Les poirées nourrissent peu, rafraîchissent, tiennent le ventre libre, rendent l’estomac moins propre à digérer les alimens solides. Cependant, si on a l’attention de les faire cuire la veille pour le lendemain, de les laisser égoutter dans un tamis ou sur une passoire, alors ces côtes perdent en grande partie leur eau de végétation & celle dont elles se sont chargées pendant la cuisson, elles fatiguent moins l’estomac & sont plus susceptibles de perdre leur saveur fade & de prendre les assaisonnement.

La feuille est une des cinq émollientes ; récente & appliquée sur l’espèce d’excoriation produite par les vésicatoires, elle entretient l’écoulement séreux ; elle agit de même sur l’ulcération de la tête causée par la teigne. Le suc exprimé des feuilles & particulièrement de la racine, inspiré par le nez, fait éternuer & déterminer par les fosses nasales une évacuation abondante de mucosités ; en conséquence, il est proposé pour les douleurs rhumatismales & l’enchifrènement catarrhal.


POIS. Tournefort le place dans la seconde section de la dixième classe des herbes à fleurs composées de plusieurs pièces & en forme de papillon, dont le pistil devient une gousse longue & à une seule capsule, & il l’appelle pisum hortense ; von-Linné le nomme pisum sativum & le classe dans la diadelphie décandrie.

Fleur ; en papillon, à quatre pétales ; l’étendard très large en cœur recourbé, échancré avec une pointe ; les ailes presque rondes, réunies, plus courtes que l’étendard ; la carène aplatie en demi-lune, plus