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soleil y concourt pour beaucoup. C’est ne rien dire ; il reste à expliquer comment & par quels principes ces miracles s’opèrent. Je laisse ces problèmes à résoudre à de plus savans que moi.

Ces variétés dans les couleurs des fleurs, des feuilles, des tiges, des fruits, ont singulièrement multiplié les espèces jardinières du premier, & encore plus du second ordre ; (consultez ce mot) mais il n’est pas moins constant que personne ne peut encore désigner le nombre des véritables espèces, puisque les plantes de près de la moitié du globe sont inconnues. Plusieurs auteurs font monter le nombre des espèces réelles ou de leurs variétés à plus de trente mille.

Pour établir un ordre au milieu d’une si grande multitude d’individus, les anciens divisèrent les plantes en aquatiques marines, sauvages, domestiques ; quelques-uns en printanières, estivales, automnales & hivernales ; d’autres, en potagères farineuses & succulentes, enfin, en aromatiques alimenteuses, médicinales & vineuses. Ces distinctions sont trop vagues, trop générales. Beaucoup de plantes potagères ont été originairement domestiques ; celles qui fleurissent dans le printemps au midi, ne fleurissent qu’en été au nord ; le produit des substances farineuses, lorsqu’on le soumet à la fermentation, donne un vin tout aussi vin dans son espèce, que celui du raisin, des cerises, des groseilles, des poires, des pommes, &c. ; les défauts de ces divisions sont trop essentiels pour insister plus longtemps sur cet article. Afin de trouver le fil d’Arianne, & sortir avec son secours de ce cahos, de ce labyrinthe, les modernes ont établi des méthodes plus faciles, par le moyen desquelles on peut en très-peu de temps reconnoître l’individu qui fixe nos regards. Ces méthodes, ou du moins les deux principales, seront développées à l’article système de botanique. Nous n’entrerons également ici dans aucun détail sur les propriétés alimentaires des plantes ; elles sont présentées dans chaque article ; & à la fin de celui-ci on trouvera des observations sur leurs propriétés médicinales.

De la sympathie & antipathie dans les végétaux.

C’est par ces mots semblables à ceux d’attraction & de répulsion, que les anciens expliquoient pourquoi certaine plante périssoit dans le voisinage d’une autre, tandis que la même plante semée ailleurs vegétoit à merveilles. Ces phénomènes tiennent à trois causes principales ; 1°. à la manière d’être des racines ; 2°. à la manière d’absorber les principes répandus dans l’atmosphère ; 3°. à la transpiration de certaines plantes.

Les racines sont pivotantes du fibreuses, & presqu’à la superficie du sol. Si la luzerne n’étouffoit pas par son ombre les plantes à racines fibreuses de son voisinage, celles-ci y croîtroient très-bien ; mais la racine pivotante de la luzerne fera périr l’arbre auprès duquel elle se trouvera. Le smilax, si commun dans les provinces du midi, les clématites, &c. font périr tous les arbres & arbrisseaux des haies, non qu’il règne entr’eux aucune antipathie,