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tronquée à la pointe. Depuis la partie la plus renflée, qui est à environ le tiers de la hauteur, ce fruit diminue vers la tête où l’œil qui est petit, est placé dans une cavité assez large & profonde, bordée de bosses qui s’étendent, les unes jusqu’au plus grand diamètre du fruit, les autres beaucoup au-dessus, & y forment des côtes moins élevées que celles du bon chrétien d’hiver : les deux autres tiers de la longueur vont toujours en diminuant presqu’uniformément jusqu’à la queue qui a un pouce & plus de longueur, & qui est plantée un peu obliquement dans un enfoncement serré & peu profond, bordé de quelques bosses. Cette poire ressemble assez à celle du bon-chrétien d’hiver, mais elle est plus alongée, plus pointue, & ordinairement mieux faite.

Sa peau est toute tiquetée de très-petits points bruns, d’un beau rouge vif du côté du soleil ; du côté de l’ombre d’un vert qui devient jaune pâle au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est blanche, semée de quelques points verdâtres, sèche, dure, cassante ou tendre & pleine d’eau suivant les années & les terrains : ce fruit veut une terre douce & légère ;… son eau est douce, sucrée, d’assez bon goût, lorsque l’arbre est planté dans un bon terrain, à une bonne exposition, & lorsque le fruit a acquis une parfaite maturité :… ses pépins sont longs, pointus, bien nourris, d’un brun-clair ; sa maturité a lieu en novembre & décembre : semblable à la première, elle aime mieux les provinces du midi, que celles du nord.

90. Gracioli, ou Bon-chrétien d’été. Pyrus fructu magno, pyramidato-obtuso, paululùm cucurbitato, flavo, œstivo. (Voyez Pl. XVI. p. 114.)

L’arbre est fertile ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont assez gros, sans coudes aux nœuds, ils se replient en bas en parasol dans les arbres à plein-vent, sont peu tiquetés, verdâtres du côté de l’ombre ; d’un rouge-brun peu foncé du côté du soleil ;… ses boutons sont gros, longs, arrondis, peu écartés de la branche ; leurs supports sont très-peu de saillie ; les boutons à fruit viennent la plupart à l’extrémité des branches, ce qui mérite l’attention lorsqu’on taille ce poirier.

Ses feuilles sont grandes, belles, étoffées, dentelées assez finement, peu régulièrement & très-peu profondément ; les moyennes sont dentelées finement & régulièrement.

La fleur est la plus grande de toutes les fleurs de poirier ; ses pétales sont plus longs que larges, & creusés en cuilleron.

Son fruit est gros ; sa forme imite un peu la calebasse ; au milieu de la tête qui s’alonge est une cavité étroite & peu profonde, où l’œil est placé ; le côté de la queue qui est fort obtus, se termine par plusieurs grosses bosses & plis profonds, au milieu desquels s’implante la queue longue de près de deux pouces, grosse, charnue, quelquefois depuis sa naissance jusqu’au-delà de la moitié de sa longueur : tout ce fruit est anguleux, bossu comme le bon-chrétien d’hiver.

Sa peau est lisse, d’un vert très clair, tiquetée de points d’un vert foncé ; elle jaunit au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est blanche, tendre, demi-cassante ;… son eau est abondante, sucrée ;… ses pépins sont très-longs, & d’un brun très