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point d’intercepter la circulation. Les sutures lui offrent encore un moyen très-avantageux pour accélérer la guérison, qu’il seroit trop long de détailler.

Tous ces moyens de curation ne guérissent pas seuls les plaies ; cet ouvrage n’est pas au pouvoir de l’artiste ; il appartient en bonne partie à la nature ; c’est elle qui détermine, qui fait la consolidation des plaies & qui les cicatrise. L’artiste vétérinaire la met seulement à même d’opérer cette union, en écartant tout ce qui peut s’opposer à son travail : il l’excite, la ranime, lorsqu’elle paroît languir ; le moyen dont elle se sert est la partie muqueuse des humeurs de l’animal, qui aborde dans la plaie, qui l’abreuve & la réunît ; la présence de cette humeur, ses qualités doivent régler la conduite de l’artiste.

La réunion des plaies étant l’effet de la présence du suc nourricier, il s’agit de seconder la nature dans cette excrétion : or, l’expérience nous apprend que si la suppuration languit, nous devons employer les stimulans propres à réveiller l’abord du mucus ; pour lors les suppuratifs sont très-propres à remplir cette indication ; si au contraire la suppuration est trop abondante, pour lors on doit tâcher de faire une révulsion avantageuse, en employant les remèdes généraux, tels que les suppuratifs internes, les diurétiques, & se contenter de panser la plaie à sec, avec de la charpie seulement, ou avec des étoupes sèches, ou enfin avec de la vieille corde réduite en charpie ; si le pus pèche par sa qualité, on tâche d’y remédier, soit par l’usage des remèdes internes, soit par différens topiques ; en un mot, on tâche d’éloigner tous les obstacles qui pourroient s’opposer à la marche heureuse de la nature.

Lorsque la nature conduit les plaies à une cicatrice heureuse, on peut l’aider dans ce travail ; si l’on observe, par exemple, que la cicatrice soit trop molle, l’application des astringens, des absorbans, ou de la charpie sèche est très-avantageuse ; ces moyens suffisent pour dissiper l’humidité surabondante.

Outre les secours déjà proposés, il en est encore d’autres qui sont propres à remédier aux symptômes qui surviennent pendant la durée des plaies ; ces symptômes sont l’hémorragie, l’inflammation, la mal-propreté de la plaie, &c. Par l’usage des styptiques, de la simple charpie, on remédie au premier ; une diète convenable, la saignée faite à propos, combattent l’inflammation : les décoctions vulnéraires détersives, employées sous forme de douche ou de lotion, rendent aux plaies leur propreté ; les cautérisans, le feu, détruisent les chairs fongueuses. (Voyez Cautère actuel, Feu)

Quant à l’ordre qu’il faut observer dans le pansement des plaies, consultez l’article pansement des animaux, tome 7, page 403 M. T.

Plaies Des Arbres. L’organisation des arbres a une singulière conformité avec celle de l’homme, quant à l’accroissement, aux maladies & à la mort. Le même corps dur ou tranchant, poussé avec force contre une de ses parties, la meurtrit, ou opère une solution de continuité qu’on nomme plaie. Le gluten de