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déchire les urétères, il est accompagné de vives douleurs, & de difficulté d’uriner ; mais si les membranes de la vessie sont déchirées par une pierre, & qu’il en résulte le pissement de sang, le malade ressent alors des douleurs plus aiguës, précédées d’une suppression d’urine.

Causes du pissement de sang. Outre les causes dont il est fait mention ci-dessus, le pissement de sang peut encore être occasionné par des chutes, des coups, des efforts, pour avoir porté ou traîné des fardeaux trop pesans, ou tout autre mouvement violent. Il peut être également dû à des ulcères ou à des érosions dans la vessie, à une pierre logée dans les reins, à des purgatifs violens, à des remèdes diurétiques trop irritans.

Les animaux qui y sont les plus exposés, sont ceux qui quittent le pays qui les a vu naître, étant encore jeunes, pour habiter un climat contraire à leur constitution naturelle ; ceux qui sont échauffés ou qui ont des embarras au foie, ont souvent des urines ardentes, colorées ou sanguinolentes. Les fièvres intermittentes, certains fourrages &c. produisent le même effet. Les taureaux qui ont trop d’ardeur, ceux qui ne peuvent appercevoir des bœufs sans les attaquer, & se battre avec excès, &c. sont très-sujets à rendre du sang par le canal de l’uretère.

Le pissement de sang est le plus souvent dangereux, sur-tout quand le sang est mélangé de matières purulentes ; ce qui annonce un ulcère dans les voies urinaires. Quelquefois il est dû à une surabondance de sang ; alors on doit plutôt le regarder comme une évacuation salutaire que comme une maladie ; cependant, si dans ce même cas l’hémorrhagie est considérable, elle peut épuiser les forces de l’animal, & occasionner une hydropisie dans toute l’habitude du corps, ou la pulmonie, connue dans toute la Franche-Comté, sous le nom de murie molle,. &c.

On doit toujours craindre les suites du pissement de sang ; mais le danger est rarement imminent, surtout lorsqu’il n’est pas accompagné de la fièvre. Il termine quelquefois les fièvres inflammatoires, mais c’est un symptôme redoutable dans les péripneumonies ardentes & malignes. Il est moins à craindre, lorsqu’il a des retours périodiques ; lorsqu’il succède à un travail violent ou à toute autre cause passagère, pourvu qu’il ne dure pas trop long-temps ; car la partie affectée est alors menacée d’un ulcère.

Traitement du pissement de sang. Il doit être varié selon les causes différentes dont il procède. S’il est occasionné par une pierre fixée dans la vessie, la guérison dépend de l’opération de la taille.

S’il est accompagné de pléthore & de symptômes d’inflammation, la saignée devient nécessaire.

Il faut lâcher le ventre par des lavemens émolliens, ou par des purgatifs rafraîchissans. Tels sont, la crème de tartre, la rhubarbe, la manne, dans des décoctions de graine de lin ou de petites doses d’électuaire lénitif.

Si le pissement de sang est occasionné par un sang dissous, il est ordinairement le symptôme d’une maladie d’un mauvais caractère comme d’une péripneumonie putride, maligne, &c. Dans ce cas, la vie