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pour les contenir qu’on se sert des aiguilles qui les serrent par le bas autant qu’elles sont elles-mêmes serrées par le moyen des coins chassés dans chaque mortaise, & que par le haut, les deux aiguilles correspondantes sont fortement serrées au dessus du moule par une corde appelée bride L, traversant à double de l’une à l’autre, & billée dans son milieu par un bâton, ce qu’on appelle liage.

Il y a des provinces, où au lieu de bride en corde, les ouvriers emploient une espèce de lançonnier, qu’ils appellent arçon ; il ne diffère du lançonnier, qu’en ce qu’il est placé sur les banches, & qu’il a un peu moins d’équarrissage : alors il faut que les aiguilles portent des tenons aux deux extrémités, dont une entrera dans les mortaises de l’arçon.

Les closoirs sont retenus chacun par deux boutons M, ou chevilles de fer, qui traversent les banches.

Pour empêcher la terre de s’échapper par le bas, entre la banche & la corne du soubassement, on formera, le long de leur jonction, un cordon S, de mortier de chaux & de sable corroyé & serré avec la truelle ; c’est ce qu’on appelle communément moraine.

Ces moraines forment, en outre, l’arête ou angle des banchées que la terre ne formeroit pas, parce qu’elle ne peut être assez serrée par le pison dans l’angle, alors elle se dégraderoit & laisseroit des balèvres.

Tout étant disposé de la sorte, le moule est en état de recevoir la terre & de former un pan de mur, en supposant qu’il ait été aligné, nivelé, & mis à plomb, ou selon le frit ; on étendra ensuite successivement les lits de terre, les uns bout à bout, les autres, sur les premiers, & de la même manière, sans jamais leur donner plus de trois doigts d’épaisseur en terre meuble ; observant de travailler d’abord dans l’entrebride attenant au closoir, si c’est la première banchée d’un cours ou assise, & si c’est toute autre banchée d’un cours déjà commencé, de travailler dans l’entrebride qui joint la banchée finie, pour ménager un ferme appui à l’échelle du porteur, & éviter que la poussée de l’échelle ne dérangeât les banches qui ne sont point encore remplies.

Le manœuvre qui sert le piseur, c’est-à-dire, qui lui porte de la terre, à mesure qu’il l’emploie, a le dessus de la tête muni d’un coussinet N, & use d’un panier O, d’osier, à deux anses, il le porte sur la tête en montant par l’échelle, ou partie sur la tête & partie sur les épaules, à l’aide du sac ordinaire. Le piseur prend le panier par les deux anses & en distribue la terre dans la partie du moule où il se trouve, appellée chambre ; il rend la corbeille au manœuvre qui va la remplir de nouveau pour la lui rapporter.

Après que l’on aura jeté dans le moule, plein une corbeille de terre, le piseur l’égalisera d’abord avec les pieds, ensuite il la frappera du tranchant du pison, portant les coups de dix à douze pouces de haut, les premiers coups se dirigent le long des panneaux dans cet ordre, le second coup recouvre la moitié du premier ; le troisième, la moitié du second, ainsi de suite : le tranchant du pison est porté parallèlement à la banche contre laquelle il glisse, afin qu’il atteigne la terre dans l’angle