Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/756

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fagots dans le fond du fourneau, & l’on pose l’un de ses bouts sur la grille. On en coupe le lien avec une lame de couteau emmanchée à un bout de bâton, ensuite on étend les morceaux de bois, & on remplit les vides avec des copeaux. Ce premier plan étant établi, on en fait un second de la même manière, puis un troisième, &c. jusqu’à ce que le fourneau soit assez rempli pour qu’on puisse toucher le bois avec les mains ; alors on ne fait plus de faisceaux, mais on pose avec la main, on arrange d’autres billes de bois, ce qui se fait toujours plus régulièrement que quand on ne peut y atteindre qu’avec une perche.

Quand le fourneau est rempli, on met par-dessus environ quatre pouces d’épaisseur de copeaux de même bois, bien sec ; enfin on pose sur les bords de la bouche du fourneau, les unes sur les autres, des pierres plates, de façon qu’à mesure qu’elles le surmontent, elles ferment de plus en plus l’ouverture du fourneau, & forment une chape au centre de laquelle on laisse un vide d’environ 4 ou 5 pouces de diamètre.

Le fourneau étant ainsi achevé, on met le feu aux copeaux secs qui sont au haut du fourneau, & les ouvriers qui connoissent, par l’habitude, quand le feu est allumé, saisissent le temps convenable pour fermer l’ouverture avec une grande pierre plate, & ils chargent entièrement la chape de terre : s’ils aperçoivent des fusées de fumée un peu fortes, ils les arrêtent avec des pellées de terre, qu’ils appliquent aux endroits d’où elles s’échappent.

Quand cette manœuvre est bien conduite, le bois se cuit en charbon, & le goudron, qui est la partie résineuse jointe à la sève, coule sous la grille, dans la cavité qui est au fond du fourneau. Lorsque cette cavité est remplie jusqu’à la hauteur du trou où est adapté le tuyau de fer, cette matière s’écoule dans des barils qui la reçoivent ; c’est le goudron ou le brai liquide qui sert à enduire les cordages qui ont exposés à l’eau.

Les ouvriers connoissent, par l’habitude que l’usage seul peut donner, si le bois a rendu toute sa substance résineuse ; alors ils découvrent le haut du fourneau, & d’abord ils jettent la terre qu’ils avoient mise sur la chappe, & ensuite ils emportent les pierres plates sur lesquelles ils ramassent les fuliginosités qui s’y étoient attachées, de même qu’aux parois intérieures du fourneau ; (c’est le noir de fumée) enfin, ils retirent le charbon qui s’est amassé sur la grille, & ils remettent du bois dans le fourneau pour recommencer la même opération.

Les impuretés, plus pesantes que le goudron avec lequel elles étoient mêlées, restent sur la pierre qui sert de fond au fourneau, pendant que le goudron coule de la superficie par le canal de fer, de cinq à six pouces plus élevé que le fond de cette pierre.

Il semble qu’on parviendroit plus aisément à graduer le feu, si l’ouverture du haut du fourneau, au lieu d’être fermée avec des pierres & du gazon, l’étoit par un dôme auquel on adapteroit des registres de différentes grandeurs, que l’on pourroit ouvrir & fermer suivant le besoin ; mais l’habitude des ouvriers