leurs fours ; dans le temps de cette opération, on met à part tous les nœuds qui ne peuvent se fendre & tous les copeaux.
9°. On arrange les cotrets à plat, de façon qu’un bout soit tourné du côté du mât qui est au milieu, & l’autre bout à la circonférence. On a soin qu’il ne reste entre les morceaux de bois, que le moins de vide qu’il est possible, & l’on remplit avec des copeaux tous les endroits on les cotrets ne se touchent pas exactement.
10°. On élève ainsi le fourneau jusqu’à 11, 13 ou 14 pieds de hauteur, ayant toujours soin de bien remplir les vides ; car, sans cette attention, le feu qui se communiqueroit dans toutes les parties du fourneau, brûleroit le goudron, au lieu que sa chaleur doit simplement le faire couler.
On termine le fourneau, en le chargeant en forme de calotte, avec les nœuds & les morceaux de bois qui n’ont pas pu se fendre, en sorte que quand tout le bois est ainsi arrangé, il se forme un monceau qui représente un mulon de foin.
12°. Alors on abat des pins tout verds ; on en coupe les menues branches chargées de feuilles, & l’on en équarrit les troncs pour les usages que nous allons expliquer : on a soin de mettre les copeaux à part, ils servent à charger d’autres fourneaux.
13°. On fourre tout autour du fourneau, entre les morceaux de bois, des rameaux de pin chargés de leurs feuilles, pour former ce qu’on appelle la chemise. Cette chemise doit couvrir tellement le bois, qu’il paroisse que le mulon n’est formé que de rameaux feuillés & verts.
14°. Pendant tout ce travai, on fait des trous avec une tarière aux troncs, que l’on a grossièrement équarris, ensuite on les pose de plat les uns sur les autres, & on les retient avec des chevilles pour en faire un mur de bois ou une cloison qui renferme les fourneaux à la distance d’un pied de la chemise. Comme il n’y a point de pierres au Mississipi, cette industrie y devient nécessaire.
15°. L’intervalle qui reste entre ce mur & la chemise, est très-exactement rempli avec des gazons & de la terre, qu’on arrange soigneusement.
16°. On ménage au haut du four une ouverture par laquelle on met le feu. On laisse aussi à différens endroits du sommet, quelques ouvertures de distance en distance, afin que le feu se communique dans toutes les parties du fourneau ; mais aussi dès que l’on s’aperçoit que le feu prend avec trop d’ardeur dans certains endroits, on en modère l’action en fermant ces ouvertures avec des gazons.
17°. On veille aussi le fourneau jusqu’à ce que tout soit consumé. Pendant que le bois se réduit peu à peu en charbon, le goudron coule par les gouttières pratiquées pour le recevoir.
Cette façon de retirer le goudron, est très-bonne pour les pays où les pins sont très-communs. À l’égard des lieux où ces arbres sont plus rares, on doit préférer d’y construire des fourneaux en forme d’œuf ; ils ont cet avantage qu’on en retire plus exactement tout le goudron que le bois peut fournir.