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sans doute été plus heureux que moi, supposé qu’ils les ayent faites, & j’ose dire y avoir apporté la plus grande attention. Je n’ai pas expérimenté l’arbre tournant, parce que dans mon colombier une poutre le traverse par le milieu sur le tiers de sa hauteur, elle supportoit autrefois un plancher qui séparoit les bisets des pigeons pattus, & j’ai observé à différentes reprises que plusieurs couchoient sur cette poutre. Je conclus que le moindre mouvement imprimé à l’arbre tournant, suffiroit pour effaroucher les pigeons, & que l’on manqueroit son but… Au surplus, je connois un grand nombre de colombiers très-vastes, & très peuplés, où les pigeons sont livrés a eux-mêmes, ils y vivent tant qu’ils peuvent, ne dérangent point les autres ; rarement & très-rarement, vû le nombre, trouve-t-on de vieux pigeons morts dans le colombier, à moins que, blessés par le plomb des chasseurs, ils ayent encore la force de se rendre à leur gîte. Il y a sans doute apparence, que, plus foibles que les autres, ils deviennent la victime de l’oiseau de proie.

On recommande encore l’incinération des plantes aromatiques dans le colombier. Le feu purifie l’air, il est vrai, n’importe quelle espèce de bois que l’on brûle ; la fumée masque pour un temps la mauvaise odeur, & ne neutralise point les miasmes, c’est la flamme qui agit, & des chenevottes vaudroient mieux que toutes les plantes odorantes, parce qu’elles donnent une flamme claire & sans fumée. Tenez les colombiers bien propres, nettoyez souvent les boulins, & toute espèce de fumigation deviendra inutile… Les amas de tiges de lavande destinées aux nids, n’ont pas un mérite plus réel que des brins de paille non écrasée ; : les pigeons choisissent indifféremment les uns ou les autres, je puis le certifier.


Section II.

Des pigeons de volière.

Il y a une différence entre la durée de la ponte de ceux-ci & celle des bisets. Ces derniers couvent ordinairement vingt-un jours, & c’est environ vers le quarante-cinquième, que la femelle pond de nouveau. La femelle du pigeon de volière ne met que quarante jours d’une ponte à une autre. Cette femelle passe la nuit sur ses œufs & y reste jusqu’à dix ou onze heures du matin, alors le mâle prend sa place & y demeure jusqu’à la nuit close. C’est ainsi qu’ils se conduisent chez moi, peut-être dans le nord y a-t-il quelque différence.

Si on n’a que des pigeons de volière, & si on leur laisse la liberté de sortir, ils ne s’écartent guères des environs de la métairie ; s’ils se mêlent avec les bisets, ils deviennent fuyards, ainsi qu’il a déjà été dit. Le pigeon de volière qui sort, pond moins souvent que le pigeon entièrement captif ; celui-ci sent peu le prix de sa liberté, s’il est né dans la volière, & qu’il ait toujours été dans l’esclavage. Il engraisse, grossit & se reproduit beaucoup plus vite que ceux qui voltigent dans les cours. L’abondance de nourriture qui ne doit jamais leur manquer, ni l’eau fraîche, au moins changée tous les