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sensible du poumon, (la constitution étant foible & languissante) le lait augmenteroit les symptômes, bien loin de les diminuer. On ne sauroit assez recommander l’exercice à cheval dans un air sec. Les anciens vouloient beaucoup que les malades fissent de petits voyages sur mer, qui sont toujours salutaires en altérant le mode phthisique & en imprimant sur tous les viscères du corps, des mouvemens doux, constans & uniformes.

L’exercice à pied peut être nuisible en augmentant la toux & l’oppression ; l’équitation est préférable. La perte des forces, procurée par le mouvement du cheval, est plus uniforme ; toutes les parties du corps travaillent successivement, tandis qu’en marchant, ce sont principalement les extrémités inférieures qui fatiguent & qui reçoivent une distribution presque entière des forces organiques, ce qui épuise les malades.

L’ulcère du poumon est souvent entretenu & même occasionné par une dégénération lente du poumon, ou par la purulence de la masse des humeurs ; le quinquina est singulièrement approprié pour prévenir cette dégénération. Son usage s’étend encore aux phthisies qui ont succédé aux fièvres intermittentes, comme l’a observé Morton ; il agit comme antipériodique. Il ne faudroit pas le donner dans la seule vue d’arrêter la fièvre lente, à moins que cette fièvre n’eût le génie rémittent bien marqué ; sans cela il pourroit être dangereux.

Le quinquina convient sur-tout dans la phthisie, lorsqu’il faut rétablir les forces languissantes de la constitution. On objecte contre son usage, qu’il échauffe & qu’il rend la respiration gênée. Cet inconvénient ne sauroit avoir lieu, pourvu qu’on le donne a une dose modérée. Si cependant il venoit à arrêter l’expectoration, il faudroit en suspendre l’usage pendant quelque temps, donner de l’oximel avec un léger calmant & revenir ensuite au quinquina. Une expérience heureuse a appris que ce remède seroit utile plus souvent, en en modérant les doses, en le combinant avec divers remèdes, tels que les vulnéraires, les balsamiques & la gentiane : Guarin l’a combiné avec succès, avec l’extrait aqueux de myrrhe.

La phthisie peut se communiquer en habitant assiduement dans l’atmosphère des phthisiques, sur-tout en couchant avec eux. On sait aussi qu’elle se communique tous les jours en faisant usage des vêtemens, linges & draps des personnes infectées de cette maladie. On en trouve trois observations dans le Journal de médecine du mois d’août 1785, page 595. On y lit de plus, qu’un matelassier & sa femme furent employés, à rebatre les laines des matelas d’une grande maison. Mais étant venus aux laines des lits sur lesquels un an auparavant des domestiques avoient essuyé des fièvres de mauvais caractère, la femme du matelassier fut attaquée d’une fièvre de même nature. Swieten rapporte des faits encore plus positifs & plus concluans. Il a vu la sœur & la domestique d’un pulmonique, mourir toutes deux phthisiques, victimes de l’assiduité de leurs soins. Enfin, il assure qu’une femme pulmonique & mourante, ayant imprimé un baiser sur le menton de son mari, il n’y repoussa plus rien, quoique le reste du visage demeurât couvert d’une barbe fort épaisse.