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les pétéchies avoient l’aspect le plus désespérant. Mais pour qu’il produise de bons effets, il faut non-seulement le prendre à grande dose, mais encore en continuer l’usage pendant long-temps. La meilleure manière de le prendre est en substance, & réduit en poudre très-fine.

On pourra donner, toutes les deux heures, deux cuillerées ordinaires de la mixture suivante, qu’on peut préparer en mêlant une once de quinquina avec un demi-setier d’eau & autant de vin rouge acidulé avec trente ou quarante goûtes d’élixir de vitriol, & en y ajoutant deux onces de sirop de limon. Si les malades sont dans le délire, on leur fomentera souvent les pieds & les mains avec une forte infusion de fleurs de camomille ou de quinquina. Ces fomentations, en dilatant les vaisseaux des extrémités, soulagent la tête & les parties qui passent dans le sang, par leur vertu anti-putride, & contribuent à détruire la putréfaction des humeurs. M. AMI.


Peste, Maladie pestilentielle. Médecine vétérinaire. On appelle de ce nom, en général, toute fièvre aiguë, subite, accompagnée de symptômes graves & très-dangereux, très-contagieuse & qui se répand sur plusieurs sujets en très-peu de temps.

Telle est à peu près l’idée que nous en a donné Hippocrate dans son traité de Flatibus, où il distingue deux sortes de fièvres ; l’une qui dépend d’une cause commune qui agit sur nous, & qu’il appelle peste (loymos) ; & l’autre, d’un mauvais régime, laquelle n’arrive qu’à ceux qui le suivent.

Depuis Hippocrate, on a ajouté les effets de la contagion, qu’il ne connoissoit pas. Malgré tout le respect qu’on a pour ce grand homme, on ne peut s’empêcher de dire que sa définition n’est pas exacte, parce qu’elle comprend une cause toujours fort incertaine : car une maladie de cette nature, peut exister & existe souvent sans la moindre altération dans l’air, les eaux ou les choses dont tout le monde fait usage ; enfin, sans cette influence générale ou cause commune qui paroît nécessaire pour constituer la peste, mais dépend la plupart du temps des progrès d’une contagion rapide, qui la transmet d’un pays à l’autre, sans qu’il existe pour cela la moindre altération dans les choses dont tous les animaux font usage.

Cette remarque a été faite heureusement en une infinité d’occasions semblables, & a conduit enfin les gouvernemens d’Europe à un système de précautions, au moyen desquelles on met les hommes & les animaux à l’abri de la contagion.

Quelques auteurs modernes n’ont accordé le caractère pestilentiel qu’aux maladies qui faisoient périr beaucoup d’individus en très-peu de temps ; & alors c’est la mortalité seule qui en fait la différence ; d’autres enfin n’ont donné le nom de peste qu’à un seul genre de maladie très-aiguë & très dangereuse, qui se manifeste principalement par des bubons, des charbons, des taches pourpreuses. Mais pour être d’accord avec toute l’antiquité, avec Hippocrate, avec tous les bons auteurs grecs, arabes & latins, nous nous en tiendrons à la définition qu’on vient d’en donner, en y ajoutant que ces sortes de maladies ont presque toujours des mouvemens critiques, qui se terminent en très-peu de jours, ou par la mort, ou par des sueurs très-considérables, ou par quelque