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Mais avec tous ces secours on ne doit point oublier d’aller respirer l’air de bon matin, & de le faire renouveler dans les maisons avant le lever du soleil.

Le vinaigre est non-seulement un bon préservatif, mais encore il est très-utile dans le traitement de la peste. Personne n’ignore l’histoire des quatre voleurs qui donnèrent leur secret pour sauver leur vie, & qui par le secours d’une préparation de vinaigre, avoient volé la plupart des maisons de Marseille, sans être attaqués de la peste. Il ne faut pas cependant en boire avec excès. Silvius de l’Eboé en avaloit deux drachmes tous les matins avant d’aller voir les malades pestiférés. Le citron peut encore être utilement employé dans les mêmes vues.

La peur, la crainte de la contagion & d’une mort inévitable, sont des passions violentes qui troublent le sommeil & disposent beaucoup à contracter la peste.

Joannes Matheus rapporte que dans une auberge d’Allemagne, une servante ayant vu mourir un homme d’une maladie, crut que c’étoit de la peste : elle en eut une frayeur si forte, qu’elle en fut aussitôt attaquée & mourut, & ses habits la communiquèrent à ceux de ses parens qui s’en servirent. Le meilleur préservatif est le courage ; mais on a observé que lorsque les épidémies de peste sont longues, le peuple tombe de l’excès de la terreur dans l’extrémité opposée. L’ame se fait une habitude de la vue des mourans, de telle sorte qu’après un certain temps la mort n’imprime plus de terreur. D’ailleurs, il en est de la terreur comme des autres passions de l’ame, elle a des limites, & lorsqu’elle y est parvenue, elle cesse.

On doit distraire les malades de la crainte de la mort, & de toute autre idée désagréable qui peuvent les affecter. On doit aussi leur laisser ignorer celle de leurs parens, amis ou autres personnes, & leur épargner le récit des cas sinistres qui peuvent être arrivés, tels que celui des personnes ensevelies vivantes. À ces précautions il faut ajouter une dissipation continuelle pour croiser & combattre les idées affligeantes qui les occupent. On doit vivre très-sobrement, éviter toutes sortes d’excès dans le boire & le manger, se garantir des passions vives, ne pas boire de liqueurs spiritueuses, mais éviter aussi l’eau pure. Il faut aussi dormir peu, se faire frictionner le corps avec une flanelle le matin en se levant, & le soir en se couchant, & boire un peu de vin pur après le repas.

Comme la peste est apportée des pays Orientaux, on doit éviter la communication autant qu’on le peut ; & c’est aussi pour cette raison que les souverains ont voulu qu’on fît faire quarantaine à tous les vaisseaux qui arrivent des pays où cette maladie est habituelle. Mais ceux qui sont obligés par état de vivre parmi les pestiférés, doivent avoir l’attention de ne point avaler la salive, de se laver la bouche avec le vinaigre & le vin, de mâcher & de garder dans la bouche de la racine d’angélique confite, ou de l’écorce de citron : ils ne doivent jamais se présenter à jeun devant les malades, mais il doivent au contraire prendre quelque peu de nourriture, & boire par dessus un petit verre de vin d’Espagne ou du Rhin.

On a encore mis au rang des secours extérieurs, pour se garantir d’une épidémie pestilentielle, l’application des