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Section V.

De la fausse péripneumonie.

La fausse péripneumonie existe indépendamment de toute autre maladie ; elle est quelquefois si semblable à la vraie péripneumonie, que le seul état du pouls peut les distinguer : c’est un engorgement du poumon qui ne tient point de l’inflammation, il est occasionné par une pituite âcre & visqueuse qui engorge les vaisseaux de cet organe. Elle n’attaque guères que les animaux avancés en âge, les infirmes & ceux qui sont d’un tempérament phlegmatique, sur-tout dans l’hiver &c pendant les temps humides.

Symptômes. Au commencement de la maladie l’animal éprouve des alternatives de froid & de chaud ; sa langue est souvent chargée ; il tombe dans l’assoupissement ; l’oppression, la toux en sont les principaux signes, l’expectoration est ordinairement blanche, gluante, écumeuse, rarement sanguinolente ; la fièvre ne répond pas à l’état de la poitrine, & le pouls est quelquefois lent & petit, d’autres fois petit & vite.

La terminaison de cette maladie est incertaine, parce que son commencement est rarement bien marqué ; elle paroît cependant avoir à peu près le cours de la vraie péripneumonie, & se terminer comme elle quelquefois en trois ou quatre jours. L’assoupissement, les anxiétés & la froideur des extrémités, sont dans cette maladie des signes très-alarmans : elle est d’autant plus tâcheté, qu’on ne connoît guères le danger que lorsqu’il n’est plus temps d’y remédier ; la plupart même des animaux malades, périssent dans le temps qu’on s’y attend le moins. Elle est assez commune dans les lieux bas & marécageux.

L’ouverture des animaux morts de cette maladie, nous montre le poumon boursouflé & œdémateux ; les bronches obstruées par une morve plus ou moins épaisse, des taches gangreneuses, des épanchemens séreux, tant dans la capacité de la poitrine que dans le péricarde.

Cure. Cette maladie demande un prompt secours : la saignée y est rarement nécessaire, quoique le degré d’oppression semble souvent la demander : elle peut, à la vérité, procurer un soulagement passager, mais elle rend la maladie plus grave & affoiblit beaucoup le malade. Les laxatifs & les lavemens purgatifs réitérés sont toujours employés avec succès. On doit faire encore un grand usage des délayans qui peuvent remédier à la trop grande viscosité de l’humeur bronchique. C’est dans la même vue qu’on donne aussi des pectoraux, soit béchiques, soit incisifs, comme l’eau miellée, l’hysope, le lierre terrestre, les décoctions d’orge édulcorées avec le miel, celles de racines de fenouil & de réglisse ; on peut les aciduler avec le suc de citron, ou le vinaigre. On n’estime pas moins les diurétiques & les apéritifs ; tels tout l’aunée, le nitre, les savons, l’oximel scillitique, l’esprit de corne de cerf, & tant d’autres qui, pénétrant comme on le croit, les plus petits vaisseaux, agissent sur les sucs grossiers qui les obstruent. Les vésicatoires & les ventouses scarifiées produisent ordinairement de bons effets. M. BRA.


PERPENDICULAIRE, ce qui est