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que danger ; & l’examen qu’on en fait avec beaucoup de répugnance, ne peut-être que superficiel.

Cure. La première marche cachée & équivoque de la péripneumonie maligne, prive ordinairement les animaux qui en sont frappés, des plus grands secours, parce qu’on ne les donne que lorsqu’elle le manifeste clairement, & cela après qu’elle a fait intérieurement de grands progrès. On a appris par l’expérience, dans les épizooties, à la faveur desquelles il est plus aisé de la reconnoître, que les simples remèdes généraux, la diète la plus sévère, l’eau prise pour toute nourriture, ou même le seul changement d’air, peuvent éloigner cette maladie, ou en détruire le germe qui n’a pas eu le temps de se développer. Le traitement de la péripneumonie maligne doit être varié, parce qu’elle prend bien des formes, & qu’elle est accompagnée d’un très-grand nombre de symptômes qui demandent souvent une conduite particulière, outre que les épizooties ne se ressemblent point. On peut dire en général, que la saignée ne lui convient pas : cependant il est des circonstances qui la demandent ; mais on doit toujours en user, & même dans les cas d’inflammation, de douleur violente, de transport & d’oppression, avec beaucoup de réserve. Les laxatifs, tels que la casse avec la crême de tartre, ou avec les tamarins, doivent être souvent employés ; mais on ne doit en faire usage qu’après les sept premier jours ; ils ne conviennent ni dans le commencement des éruptions, ni lorsqu’il y a une disposition inflammatoire dans les poumons ou dans l’abdomen : à l’égard des purgatifs ordinaires, il faut les réserver pour le déclin de la maladie où ils sont très-nécessaires. Les lavemens émolliens, très-propres à seconder les remèdes dont nous venons de parler, sont utiles dans tout le cours de la maladie. Les breuvages délayans, les tempérans, & les nitreux sont les remèdes les plus familiers & les moins à craindre. On se sert encore avec succès des absorbans & des vermifuges, lorsque l’état des premières voies les demande. On connoît assez l’efficacité des acidules & des antiseptiques, si propres à corriger la putridité qu’on redoute avec tant de raison. Les calmans, si l’on en excepte le camphre & le sel sédatif, sont ici toujours suspects. Le quinquina est souvent nécessaire vers le déclin de la maladie, non comme anti-putride, mais comme fortifiant ou comme un stimulant propre à remédier à la gangrène qui accompagne souvent le mal dont nous parlons. Les vésicatoires appliqués sur l’apophyse transverse de la nuque, aux parties latérales de la poitrine, & aux cuisses, produisent le plus grand bien ; il faut entretenir l’écoulement par de nouvelles applications ou par d’autres moyens ; ils ne réussissent pas lorsque la bile joue un rôle dans cette maladie ; à cette circonstance près, ils sont utiles lorsque les éruptions sont rentrées, & sur-tout lorsque la matière morbifique se jette sur quelque viscère ; en employe encore dans ce cas des ventouses scarifiées. Il est très important de purifier l’air dans les étables & d’y maintenir la propreté.