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force, on doit s’attendre à un dépôt. Si l’on prétend que la maladie en question peut se terminer en six ou sept jours, on prend alors la péripneumonie bilieuse pour la maligne. J’ai même remarqué que les animaux qui guérissoient le vingtième jour, étoient les plus sujets aux rechutes assez fréquentes dans cette maladie, dont la convalescence est toujours longue & pénible.

Le prognostic de la péripneumonie maligne ne peut-être que fâcheux ; l’expectoration est avantageuse, ainsi que cette espèce de gale dont l’intérieur des lèvres se trouve couvert vers le déclin du mal. La chaleur modérée, le pouls & les urines approchant de l’état naturel, ne doivent point rassurer ; car on voit périr très-promptement les animaux malades, avec la plus belle espérance. Le cours de ventre est à craindre ; les déjections lientériques, les noires, les sanglantes, celles qui ont une odeur cadavéreuse ne présagent rien de bon. Il est inutile de dire que l’assoupissement, le délire accompagné de mugissements lugubres, sont toujours des symptômes fâcheux. Quelques animaux périssent le septième jour, d’autres en plus en plus grand nombre vers le douzième ou le quinzième ; mais cela arrive rarement après quarante jours, à moins que les suites soient mortelles. Les crises dans la péripneumonie maligne, sont très-rares ; il s’en fait souvent vers le septième jour une imparfaite : cependant les sueurs, le cours de ventre & les parotides, diminuent quelquefois l’embarras de la poitrine, sur-tout lorsque ces dernières se terminent par la résolution. Les abcès peuvent être aussi critiques ; nais ceux qui se forment intérieurement, deviennent souvent mortels par la seule circonstance du lieu qu’ils occupent. Nous avons dit qu’on ne pouvoit guère fonder un bon présage sur la bonne qualité des urines, cependant il arrive quelquefois qu’elles déposent avec diminution des accidens, mais la maladie ne laisse pas de suivre don cours.

J ouverture des cadavres est ici le plus souvent infructueuse, soir parce qu’on la fait trop à la hâte, soit parce que les désordres que cause cette maladie, ne sont pas toujours manifestes : cependant on voit souvent les poumons couverts de taches livides & gangréneuses ; ils sont quelquefois dans un état de pourriture qui ne leur permet pas de résister au tact : je les ai trouvés tels dans plusieurs sujets. Le cœur m’a paru, mais rarement, enflammé, couvert de pustules & même gangréneux. Le sang qu’on trouve dans le cœur & les gros vaisseaux, semble être dans un état de dissolution ; cependant je l’ai vu quelquefois très-épais & formant ce qu’on appelle des concrétions polypeuses. Les viscères du bas-ventre contiennent quelquefois des fourmilières de vers ; on y voit des marques de sphacèle, principalement dans les intestins qui sont toujours boursouflés & quelquefois percés avec épanchement des matières fécules. La vésicule du fiel est très-souvent pleine d’une bile noirâtre & verdâtre qui croupit aussi dans les estomacs & les intestins. Les cadavres pour la plupart enflent prodigieusement ; ils se corrompent bientôt & se mettent quelquefois en lambeaux sous les doigts : on a alors, comme on le pense bien, beaucoup de peine à en approcher ; on y court même quel-