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a plus que la partie la plus fine de ce liquide qui puisse franchir les vaisseaux resserrés ; la plus grossière s’accumule & produit une mort subite, ou la péripneumonie.


Article III.

Des signes diagnostiques & prognostiques des deux espèces de péripneumonie vraie.

Si parmi les causes désignées il en est qui donnent naissance à la péripneumonie vraie, cette maladie produira des effets différens selon les parties du poumon qu’elle occupera, soit qu’elle ait son siège dans l’artère bronchiale, ou dans l’artère pulmonaire ; soit qu’elle n’occupe qu’un lobe du poumon, ou qu’elle les occupe tous les deux. Dans les progrès de l’inflammation qu’elle occasionne, le sang croupit, les vaisseaux se dilatent, la partie la plus fluide s’exprime & transude ; tandis que la plus grossière demeure & s’accumule. Mais quoique le développement de ces deux espèces de péripneumonie se manifeste par tous les signes propres à toutes les espèces d’inflammations, elles produisent néanmoins des effets différens ; car l’artère bronchiale est uniquement occupée à porter la vie & la nourriture au poumon, de là la lésion des fonctions de cette artère doit se rapporter au poumon seulement, & doit être considérée comme n’affectant simplement qu’une partie particulière du corps de l’animal. Il n’en est pas de même lorsque la péripneumonie a son siège dans l’artère pulmonaire, alors ce n’est pas seulement le poumon qui souffre, puisqu’une telle inflammation s’oppose encore à la liberté du passage du sang du ventricule droit du cœur au ventricule gauche, liberté à laquelle est essentiellement attachée la vie de l’animal. Dans pareil cas, le sang ne circule qu’avec peine, il s’amasse entre le ventricule droit & les extrémités de l’artère pulmonaire, le poumon devient pesant, livide, incapable d’expansion ; le ventricule gauche ne reçoit presque plus de sang, la foiblesse est extrême, le pouls petit, mol, inégal ; la respiration difficile, chaude, fréquente, & petite avec toux ; en appliquant alternativement l’oreille sur les parties latérales de la poitrine, on entend une sorte de bruit désagréable dans cette cavité, qui dépend ou de l’air emprisonné dans la mucosité, qui cherche à se dégager, ou bien de l’aridité des vésicules du poumon, qui venant à se dilater dans le temps de l’inspiration, frottent les unes contre les autres, à peu près de la même manière que le feroient deux morceaux de cuir sec. Le sang s’accumule & séjourne au-devant de l’oreillette droite, les veines jugulaires prennent un volume plus considérable & s’engorgent ; la conjonctive s’enflamme, le globe de l’œil semble sortir de la cavité orbitaire ; la bouche est brûlante. C’est un mauvais signe, si l’animal rend par les urines les breuvages qu’on lui donne, d’abord après qu’on les lui a administrés. Au commencement de la péripneumonie, le pouls est grand, vide, & très-fréquent ; mais aux approches de la mort, il devient petit, défaillant, & extrêmement accéléré. À cette extrémité le cœur fait de fréquent petits battemens qui ne sont proprement que des pulsations ; il passe quelque peu de sang