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les éternuemens fréquens, si le pouls manque, si les extrémités du corps sont froides, pendant que la poitrine, la tête, ou le cou conservent une ardeur brûlante, ce sont autant de signes avant-coureurs d’une mort prochaine : la fausse péripneumonie a le plus souvent une terminaison fâcheuse, quand les symptômes dont nous avons donné l’énumération, sont suivis du râle & d’une grande foiblesse.

La péripneumonie fausse est exactement la même que celle que nous avons appelée catarrale. Celle-ci est une vraie fluxion catarrale compliquée d’inflammation de poitrine, qui se manifeste sur-tout au printemps & dans l’automme. Pour l’ordinaire on n’y observe point de fièvre ; nous nous contenterons de faire observer que la saignée doit y être ménagée, mais que les vésicatoires y sont plus avantageux que dans la vraie péripneumonie. On peut donner avec avantage les émétiques doux, les lavemens & les purgatifs doux ; mais ils sont subordonnés à tant de circonstances & de contrindications, qu’on peut rarement s’en permettre l’usage, & qu’il semble que Boerhave & Sydenham en aient abusé. On peut, pour hâter la résolution de cette fausse péripneumonie, employer des incisifs, des expectorans actifs & excitans, tels que le kermès minéral, l’oximel, l’ipécacuana combiné avec la gomme ammoniac & le miel. Les fleurs de benjoin, le lierre terrestre, les feuilles dé beccabunga & d’hysope sont des expectorans assez énergiques peur produire le plus heureux effet. Baglivi conseille dans ce cas l’usage des alcalis volatils, & la teinture spiritueuse d’bypéricum qui a une propriété singulière dans cette maladie.

La péripneumonie vraie se guérit par une résolution bénigne ; par expectoration & autres évacuations par lequel les la nature chasse le résidu de la coction qu’elle a opérée relativement aux humeurs qui se sont jetées sur les poumons enflammés ; par des expectorans, des diurétiques & des purgatifs. Mais pour porter la nature à opérer toutes ces crises, il faut commencer par diminuer & combattre l’inflammation. La saignée est le moyen le plus prompt & le plus efficace. Triller veut qu’on rende cette évacuation copieuse dans le commencement. C’est ainsi qu’on résout cette maladie dans peu de temps ; mais il faut prendre garde de ne pas abattre les forces de la nature, jusqu’à procurer des défaillances. Cependant il peut arriver que l’inflammation soit portée à un degré extrême, alors il peut être très-utile d’ouvrir les deux veines du bras à la fois, comme l’a pratiqué Huxham. En général, on doit beaucoup plus saigner les gens robustes que les personnes énervées ; mais pour ne pas commettre de faute grave dans ce genre, il faut observer l’effet qu’ont produit les premières ou dernières saignées, & si elles ruinent les forces, causent des défaillances & attirent le froid aux extrémités, on doit s’abstenir de les répéter.

On répétera la saignée dans les premiers jours de la fluxion, si l’inflammation se renouvelle ; la présence de las couenne inflammatoire ne doit pas toujours engager à la répéter, parce que cette considération mèneroit trop loin. Il ne faut pas tomber dans un excès contraire, mais s’en tenir à un certaim milieu, sans perdre jamais de vue les forces & la vigueur du malade, son