Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/608

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vertu carminative, effet un peu douteux.

Il y a encore un autre buplevrum appelé d’Espagne, dont les feuilles sont très-alongées & ressemblent à celles des plantes graminées : je le crois une variété de celui-ci.


PERCE-MOUSSE. (Voyez Planche VIII, page 450). Tournefort le place dans la dix septième classe des herbes qui n’ont ordinairement ni fleurs ni fruits apparens, & il l’appelle muscus capillaceus minor, capitulo longiore falcato. Von-linné le nomme polytrichum commune, & le classe dans la cryptogamie.

Fleurs ; mâles & femelles sur des pieds différens. La tige A & les semblables portent des individus mâles ; la tige B porte un individu femelle. Les mâles sont soutenus, par des pédicules longs & cylindriques, & les femelles sont adhérentes aux tiges…

La Figure C représente la fleur mâle dépouillée de l’espèce de coiffe D qui la couronne. Cette fleur est un tube d’une seule pièces cylindrique, arrondi à sa base & ouvert en coupe à son extrémité : outre la coiffe D elle est encore couverte C, d’un chapeau, lequel est un petit corps hémisphérique, surmonté d’un cône alongé, qui porte vers le ciel & qui se loge dans le sommet de la coiffe D ; cette coiffe a la forme d’un éteignoir ; c’est un tube d’une seule pièce, partagé en trois lobes. La Figure F représente le chapeau C renversé ; entre le chapeau & le tube de la fleur, on trouve un corps rond & plat qui forme exactement l’ouverture du tube de la fleur ; il est représenté en E avec le tube de la fleur. Dans l’intérieur du tube, on trouve une seule étamine G, dont l’anthère a quatre angles distincts.

La fleur femelle est représentée en H, telle qu’elle se voit au sommet de la tige B ; dans la Figure I on la voit ouverte. C’est une étoile au centre de laquelle sont rassemblés les embryons destinés devenir des fruits. La Figure K représente une des écailles qui forme la fleur femelle.

Au surplus, cette description des parties de la fructification est donnée, ici comme un simple apperçu. Les auteurs ne sont pas encore d’accord sur cet objet, & nous n’avons pas à notre disposition le beau Mémoire sur les mousses, couronné par l’académie de Pétersbourg.

Feuilles ; adhérentes aux tiges, simples, entières, placées en recouvrement les unes sur les autres, comme les tuiles le sont sur un toit.

Racine ; fibreuse, menue.

Port ; petite tige simple, herbacée, nue dans le haut, feuillée à sa base, d’un pouce de haut ; les feuilles rassemblées vers la racine ; le pédicule de la fructification est brun & alongé.

Lieu ; parmi la mousse des vieux arbres, sur les vieilles murailles dans les terrains humides.

Propriétés. Elle passe pour être incisive, sudorifique, & diaphorétique. M. Tournefort dit qu’un habile médecin de Normandie se servoit utilement de sa décoction dans la pleurésie, mais qu’il estimoit encore plus l’esprit qu’on tire par la distillation. Pour cela on pile la plante, on l’arrose avec de l’eau, on la distille après trois jours de macération, on repasse l’eau distillée sur de nouvelle plante jusqu’à six fois, & après six distillations réitérées, on a un esprit très-sudorifique qu’on donne par cuillerées.