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des branches-mères. À cet effet, en ne laissant que deux bons yeux sur les bourgeons A B, & retranchant leur partie supérieure en C C, oh parviendra au but qu’on se propose. Voilà la taille de la première année.

À la seconde, les quatre membres A B C D, Fig. 2, sont formés, & suivant leur force, on taille ou en E ou en F. Mais si sur chaque membre on veut avoir seulement deux nouvelles branches, pour former la totalité de huit, on ravale jusqu’en G, afin de ne laisser sur chacune que deux bourgeons de l’année. Si on est pressé de garnir un mur, la taille F convient ; mais si l’on veut que les membres & le tronc se fortifient, le ravalement en G est nécessaire, & celui en E tient le milieu.

Ces quatres mères-branches A B C D, Fig. 3, produiront, pendant la troisième année, des bourgeons plus ou moins vigoureux, plus ou moins forts, suivant la longueur qu’on aura laissée aux mères-branches. Si sur chacune on n’a conservé que deux bourgeons ravalés à deux yeux, il est clair que les huit bourgeons qu’ils donneront prendront le double de hauteur & de grosseur que ceux sur lesquels on aura laissé six ou huit yeux, &c ainsi de suite. L’arbre est donc formé avec huit forts bourgeons, & capables d’en produire de plus vigoureux par la suite, & ces huit portent sur les quatre premiers membres.

À la fin de cette troisième année, & à la taille pour la quatrième, le bon ordre exige de ravaler jusqu’aux deux derniers yeux des huit branches, afin que par la bifurcation générale la totalité des fortes pousses soit au nombre de seize, & ainsi d’année en année, toujours par bifurcation ; Cette manière de conduire l’arbre est fort jolie & fort simple sur le papier ; mais l’est-elle autant dans la pratique ? Seize produisent trente deux, trente-deux produisent soixante-quatre, &c. &c ; alors c’est une forêt, une confusion de branches incroyable (consultez Figure 4) à laquelle il faut ajouter tous les bourgeons secondaires & à fruits. On est, malgré soi, forcé d’abattre les branches trop serrées, afin de laisser un espace convenable aux petites branches à fruit. La Fig. 4, lettre E représente les branches qui doivent être abattues.

On doit bien concevoir que ces figures sont de simples apperçus, & qu’il n’est guères possible de rendre aux yeux toutes les modifications de l’arrangement naturel des branches, ou bien il faudroit autant multiplier les gravures qu’il y a de variétés.

J’ai vu plusieurs personnes qui, après avoir obtenu les huit premières branches, se contentoient de les arrêter simplement par la pointe, & leur laissoient ensuite faire des branches latérales sur lesquelles ils tailloient.

Qu’arrivoit-il de cette méthode ? c’est que la sève qui se porte toujours avec impétuosité, vers le haut, ne nourrissoit que médiocrement les rameaux inférieurs, & peu à peu leur substance étoit dévorée ; enfin on ne voyoit plus sur les pêchers qu’un amas de branches défeuillées depuis le bas, & simplement chargées de bourgeons au sommet. Cette taille absurde en elle-même, peut cependant, à la dernière rigueur, être suivie pour les fruits à pépins, lorsque le jardinier n’en sait pas davan-