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hauteur, couverte en planches ou d’un toit de paille, encore mieux de bardeau ; elle est fermée à clef par deux portes, une à chaque extrémité, & intérieurement elle est garnie des choses destinées à coucher le berger, & de quelques tablettes capables de supporter ses hardes, & même les provisions de bouche.


Des parcs d’hiver.

Le meilleur, sans contredit, est une enceinte vaste, formée par des murs de huit à neuf pieds de hauteur, construits soit en maçonnerie, soit à pierres sèches, suivant les facultés du propriétaire, ou en pisay, (voyez ce mot) & dont le ciel forme la toiture. On peut, si l’on veut, & à la rigueur, en faveur des incrédules sur ce point, établir un hangar à une de ses extrémités, & le couvrir avec des tuiles, ou en chaume, ou avec des bardeaux. C’est dans un semblable parc que le troupeau doit passer l’hiver exposé à toutes les injures du temps : c’est là que les mères mettront bas leurs agneaux, qu’ils s’accoutumeront de bonne heure à la rigueur des saisons, que leur santé le fortifiera, & que leurs laines acquerront de la blancheur & une finesse égale à celle des laines d’Espagne & d’Angleterre. Quel contraste entre ce parc d’hiver & nos bergeries ! Si quelqu’un doute des avantages sans nombre du parcage en plein air, je l’invite à lire attentivement les articles bergerie & laine ; mais comme souvent on ne s’en rapporte pas à ce qui est écrit, j’invite les plus incrédules à se transporter chez M. Daubenton, à Montbar en Bourgogne, pays assez froid pour que le raisin n’y vienne pas à maturité, & ils se convaincront, par la seule inspection de la beauté & de la supériorité des troupeaux de cet excellent & savant citoyen, que le mouton & que la brebis n’ont pas inutilement reçu de la nature la toison la plus épaisse & la plus serrée ; enfin qu’il est temps de quitter la barbare & meurtrière coutume d’entasser les bêtes dans des bergeries où elles contractent le germe d’une infinité de maladies, & presque toujours celui de la mort du plus grand nombre.


De l’utilité des parcs.

Les cultivateurs ne font pas assez d’attention à la quantité considérable de temps que demandent les transports de fumiers de la métairie aux champs. On profite, disent-ils, de la morte saison, comme si on avoit jamais trop de temps devant soi ; comme s’il manquoit d’occupation dans une métairie. Ce qu’on appelle morte-saison est l’époque à laquelle la terre est trop ramollie par les pluies, ou couverte de neige, ou endurcie par la gelée. Cette morte-saison, suivant les climats, dure fort long-temps, & absorbe un quart & même un tiers de l’année. Si le fumier est transporté, par exemple, en décembre, il restera donc sur le champ glacé, en petits monticules, ou bien, il sera tout de suite étendu sur sa superficie. Partant toujours de la même supposition, il faudra donc attendre tout au moins la fin de février ou de mars pour l’enfouir par un bon labour. Croit-on de bonne foi que ce fumier délavé par les pluies, mangé, si je puis m’exprimer ainsi, par les alternatives