autre avantage de cette disposition des branches est de faciliter la monte sur l’arbre ; elles forment autant d’échelons.
Si le tronc est maigre & fluet, si les branches sont foibles, ce qui est très-ordinaire sur de pareils troncs, on fera très-bien, au commencement de la seconde année, de les ravaler à un demi-pied, ou à un pied suivant leur force : si au contraire le tronc est fort, les branches vigoureuses & bien disposées, je ne vois pas la nécessité de les ravaler ; les bourgeons qu’elles pousseront à la seconde année, formeront la tête de l’arbre. Cependant si l’on prévoit que la séve doive trop se porter au sommet de ces branches vigoureuses, on peut les arrêter à peu près dans l’endroit où doivent sortir les derniers bourgeons, ou vers le bourgeon s’il est déjà formé. Je n’aime pas faire inutilement des plaies sur les arbres.
Le point essentiel d’où dépend la beauté & la prospérité de la tête de l’arbre, est de conserver, à la seconde année, & dans toutes les suivantes, un équilibre parfait ; c’est-à-dire, faire en sorte que la séve se distribue également dans toutes les branches ; car si une branche se porte d’un côté, elle attirera bientôt à elle tout le courant de la séve, & les branches voisines insensiblement appauvries, languissent & meurent. Cet effet a très-souvent lieu, lorsque la bonne qualité de la terre, ou un fossé, ou un lieu plus humide que les autres, attirent les racines ; les branches suivent pour l’ordinaire, la direction des racines. Si une branche est trop forte, & sa voisine trop foible, la première demande une taille longue, & la seconde une taille courte à un, deux ou trois yeux, suivant sa vigueur. Les jardiniers qui sacrifient tout au coup d’œil, tiennent indifféremment toutes les branches à la même hauteur, & ils appellent cette opération former une couronne. Il ne s’agit pas ici, d’une symétrie qui plaise aux ignorans, mais de la conservation de l’arbre. Les branches foibles ainsi tenues, resteront toujours foibles, & les autres toujours trop vigoureuses. Le cultivateur instruit ravale ces dernières, afin de les obliger à pousser des bourgeons qui se mettront ensuite en équilibre avec les autres branches ; & jusqu’à cette époque, les branches foibles acquerront une bonne consistance. De ces petits détails passons à l’examen de l’objet en grand.
§. I. Quand faut-il tailler ? Chaque pays suit la coutume qui y est établie, & la majeure partie de ses habitans ne met pas seulement en problème s’il est possible & avantageux de s’écarter de cette routine. La taille du mûrier est fixée à trois époques, ou depuis la chute des feuilles jusqu’à la fin de l’hiver, ou après la récolte des feuilles, ou enfin un peu avant le renouvellement de la seconde séve. La taille pratiquée à l’une des deux dernières époques, me paroît contrarier la loi de la nature.
On sait que la récolte des feuilles force la séve à refluer dans le corps de l’arbre, dans les branches, & que si cet arbre ne se hâtoit de repousser de nouvelles feuilles, ses canaux seroient engorgés au point que la séve s’y putréfieroit, & la mort ne tarderoit pas à être la suite de cette stagnation contre nature.
N’est-il donc pas évident que si