l’automne, on doit donner le premier labour en mars ; on en donne ensuite un tous les trois mois, & même plus souvent si on le peut : ce travail n’est jamais perdu. Dans les provinces du midi, on fera très-bien de les arroser une fois ou deux dans les deux étés qui suivent la plantation, & sur-tout pendant le mois d’août, temps auquel la sécheresse se fait le plus sentir.
Section Première.
De la taille du Mûrier à plein vent.
Durant la première année, cet arbre n’exige aucun travail particulier, sinon les labours dont on a parlé. Cependant on visite de temps en temps ses arbres, afin de supprimer les gourmands qui s’élancent quelquefois du milieu du tronc. Si au contraire, dans le bas & sur la longueur de la tige, le mûrier pousse de petites branches fluettes, & en petite quantité, on peut les laisser jusqu’à la fin de l’automne : elles contribuent à la grosseur du tronc, & empêchent que la sève ne se porte avec trop de véhémence vers les bourgeons. Si au sommet ou tête de l’arbre, au milieu des branches qui poussent, il en paroît une beaucoup plus forte & plus attirante que les voisines, on doit la retrancher proprement ; elle affame ses voisines & devient un véritable gourmand. Si au contraire, plusieurs branches d’égale force à peu près, couronnent la tête, il faut les laisser subsister sans y toucher, & pousser à leur fantaisie. Ce n’est qu’à l’entrée de l’hiver, ou après qu’il est passé, qu’il convient de ne laisser que le nombre nécessaire de branches, par exemple, trois ou quatre au plus, & recouvrir les plaies avec l’onguent de saint Fiacre.
On a la mauvaise habitude de choisir, lorsqu’il s’agit de créer la tête, trois à quatre branches qui partent de la même hauteur sur le tronc, c’est-à dire, que leur disposition offre un cône renversé, ou la forme d’un entonnoir. On ne fait pas attention que le bourrelet placé à l’insertion de la branche au tronc, établit un rebord tout autour ; que le sommet de ce tronc, souvent mal recouvert par l’écorce, pendant les deux à trois premières années, devient une espèce de réservoir où l’eau pluviale reste stationnaire, gèle, établit un chancre, d’où résulte une pourriture qui dans la suite gagnera insensiblement toute la partie du tronc, & pénétrera jusqu’aux racines. Telle est l’origine la plus commune de ces arbres caverneux, où il ne reste plus que l’écorce. Les chicots concourent également à produire cet effet. On auroit pu prévenir cet inconvénient en couvrant les coupures avec l’onguent de saint Fiacre, & en le renouvelant chaque année, jusqu’à ce que l’écorce ait entièrement cicatrisé la plaie. Qu’on ne s’y méprenne pas : l’écorce est à l’arbre ce que la peau est à l’homme, elles seules se régénèrent ; mais le bois, mais la chair une fois détruits, ne se régénèrent jamais, & la plaie seroit éternelle, si la peau ou l’écorce ne venoit à la fermer. Il vaut donc mieux sacrifier la symétrie & laisser partir les branches d’une inégale hauteur. Alors il n’y a plus d’entonnoir proprement dit, les eaux pluviales ne sont plus retenues, ni rassemblées dans un même lieu ; enfin on ne craint plus l’effet des gelées, ni le croupissement des eaux. Un