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complication scorbutique ; il vaut mieux employer des remèdes propres à combattre une pareille diathèze, tels que le cresson, le raifort sauvage, la roquette & autres antiscorbutiques. Van-Helmont a vu périr subitement de jeunes filles qu’on avoit saignées à contre-temps dans pareille circonstance.

On prescrira les bains de fauteuil lorsque le défaut de menstruation (cause la plus ordinaire des pâles couleurs) dépendra de la tension, & du spasme des solides & des vaisseaux de la matrice. Mais on doit les continuer pendant un certain temps pour pouvoir disposer ces mêmes vaisseaux à s’ouvrir plus complètement, & par cela même hâter l’apparition des menstrues.

Les pédiluves ne doivent pas être négligés ; & pour obtenir d’eux un effet plus révulsif, on n’a qu’à y délayer environ une demi-once de moutarde en poudre, ou y faire dissoudre une certaine quantité de savon ordinaire.

On fera vomir les malades, si elles ont les premières voies remplies de sucs putrides ; on insistera même sur les purgatifs pris dans la classe des drastiques, S’il y avoit un commencement de leucophlegmatie.

On en viendra ensuite à l’usage des emménagogues qu’ont pourra combiner avec les amers & les antispasmodiques, si on en a vue de combattre la foiblesse de toute la construction énervée, de détendre les solides, & de favoriser l’éruption des règles.,

On propose, parmi les amers & les toniques, les eaux minérales ferrugineuses, le quinquina, les différentes préparations de mars, la gentiane, le borax, la serpentaire de Virginie, la teinture de mars tartarisée, l’écorce de Winther ; les emménagogues accélèrent la menstruation, mais ce n’est pas sans causer quelquefois les plus grands désordres dans l’économie animale. Il paroît que les médecins modernes n’insistent pas beaucoup à les donner seuls : ils ont observé sans doute que, combinés avec les relachans, ils opéroient le même effet sans faire le moindre mal. L’exercice à l’air libre, les promenades à cheval doivent être recommandées aux filles chlorotiques : le mouvement qu’on fait en se promenant, les différentes secousses du cheval, sont très-propres à redonner du ton aux organes relâchés ; & comme l’observe très-bien M. Chambon de Montaux, l’écartement des cuisses favorise la circulation. Il y a d’ailleurs, une sorte de chatouillement dans les parties extérieures de la génération, qui est utile aux filles qui ne sont pas réglées, quand elles montent à la manière des hommes : il en résulte un ébranlement le léger des nerfs qui se distribuent à la vulve, au periné & l’anus, & cette commotion donne plus de ressort à cette partie. C’est sans doute pour ces raisons, que certaines femmes aiment beaucoup l’exercice du cheval : s’il ne fait pas une impression semblable sur les jeunes filles qui ne distinguent pas encore les sensations qui ne s’expliquent chez elles que d’une manière obscure, elles ne déterminent pas moins une affluence de liquides dans les organes qui en sont affectés ; & cet état contribue beaucoup à ouvrir les vaisseaux qui sont destinés à verser le sang menstruel. On ne sauroit assez recommander la gaieté, les amusemens de divers genres, si la chlorose reconnoit pour