Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans des-sacs isolés, placés & disposés comme il a été recommandé à l’article de la conservation du blé.

Ce moyen simple, qui assure à peu de frais la conservation de la farine jusqu’au moment de son emploi, est exempt de tous dangers, pare à tous les inconvéniens, & procure tous les avantages qu’on désire. L’air ne pouvant pénétrer dans des masses de farine, circule librement autour du sac & entretient au-dedans une fraîcheur salutaire : on empêche que la poussière qui entre par les fenêtres & par les portes, ou qui tombe du haut du plancher, ne salisse la superficie du tas, que les rats, les chats & les insectes n’y occasionnent beaucoup de dégâts ; enfin, on est à l’abri de mille autres accidens qui détériorent la denrée, renchérissent son prix & affaiblissent nos ressources.

L’efficacité de cette méthode, & tous les avantages qui en sont la suite, ont été appréciés par les administrateurs des grandes maisons, & ce n’est qu’après en avoir été bien convaincu qu’ils les ont adoptés.


Avantages des farines en sacs isolés.

Pour mettre à portée de juger de plus en plus combien la méthode de conserver la farine, telle qu’elle sort du moulin jusqu’au moment de l’employer après des années de séjour an magasin, est simple, commode & salutaire, il suffira de réfléchir sur les avantages suivans.

1°. On peut placer dans un endroit où il a du blé, les farines de différentes qualités, provenant de deux récoltes, sans confusion ni mélange.

2°. Il est possible d’ouvrir ou de fermer le grenier, d’y entrer, de le nettoyer sans crainte d’apporter dans les farines des ordures ou de l’humidité qui en accélèrent le dépérissement.

3°. Les farines étant marquées & numérotées, on voit tout d’un coup le grain d’où elles proviennent, le pays & l’année de leurs récoltes, le nom du marchand qui les a vendues, la date de l’achat & de la mouture.

4°. La poussière qui tombe du plancher, & qui salit la superficie du tas, se dépose sur les sacs qu’il suffira de secouer & brosser au moment de leur transport & de leur emploi à la boulangerie.

5°. La farine renfermée ne répandra plus au loin une odeur qui allèche les insectes, leurs papillons ne pourront plus y pénétrer, ni par conséquent y déposer leurs œufs.

6°. Comme il est incontestablement démontré que les farines se bonifient à la longue, on pourroit en avoir à l’avance au-dessus de la consommation sans courir aucuns risques, sans qu’il en coûte aucuns frais.

7°. On pourra profiter du temps favorable aux moutures, faire des amas de farine, se précautionner sur-tout contre ces disettes instantanées que fait naître, au sein même de l’abondance le chommage des moulins.

8°. Dans un jour chaud & orageux on pourra s’assurer, sans qu’il soit nécessaire de vider un seul sac, que la farine du milieu & du fond est aussi fraîche que celle de la superficie : on saura bientôt, à la faveur d’une sonde, ce qui s’y passe.

9°. S il est nécessaire de déplacer les sacs, de les remuer sans dessus