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griculture d’Angers, a suivi de près tous ses détails & ses produits. L’extrait des travaux de cette société est consigné dans le journal économique du mois de septembre 1766. Les fossés de la ville, d’ailleurs très-étendus, fournissent une ample récolte.

« Les avantages, est-il dit dans ce journal, qui résultent de la récolte de l’ortie, sont bien sensibles, puisqu’elle n’exige ni culture, ni engrais, ni terrain particulier, ni presqu’aucune dépense qui puisse distraire le laboureur des ouvrages de la campagne. Il n’est point de colon, pour peu que son domaine soit étendu, oui ne puisse récolter de la filasse d’ortie suffisamment pour son usage, & il ménagera, par-là, sur la récolte qu’il fera de son chanvre & de son lin, qu’il pourra vendre en entier ; ce qui par succession d’années, formeroit une somme qu’il ne doit pas négliger. »

» Depuis l’établissement du bureau d’agriculture d’Angers, plusieurs de ceux qui le composent ont fait différens essais sur la filasse de l’ortie. Les échantillons de la toile qui en fut fabriquée, envoyés au contrôleur général & à l’intendant de la province, ont été trouvés de la meilleure qualité, & messieurs du bureau du Mans ayant fait mettre cette toile au blanchissage, ont rapporté qu’elle prenoit mieux le blanc & beaucoup plus promptement que la toile de chanvre. »

Toutes les espèces d’orties, soit la romaine urtica pilusera Lin. si commune dans les provinces méridionale de France & dans les pays chauds, soit les variétés de l’ortie dont il est question, ne fournissent pas en si grande quantité ni une si belle filasse, que la grande ortie ; cependant dans les dix-but espèces d’orties que compte Von-Linné, il faut en excepter l’espèce dont il est fait mention dans l’abrégé des mémoires de l’académie de Stockolm, dans lequel on lit : « On trouve aussi dans la même contrée (la Sibérie) une ortie haute de cinq ou six pieds, qui s’élève même jusqu’à dix pieds dans les terres grasses. D’après les expériences faites par M. le baron de Bielke, il résulte que la grande ortie de Sibérie peut avoir toute l’utilité du chanvre. » L’abréviateur de ces mémoires auroit dû indiquer la dénomination que Von-Linné donne à cette plante : on fait que c’est l’urtica cannabina ?

De l’ortie considérée comme nourriture des hommes & des bestiaux. Il paroît que la culture de l’ortie n’est pas négligée en Suède, & M. Baër, dans la traduction qu’il a donnée de quelques articles de cette académie, dit que, « dans plusieurs cantons de ce royaume, on recueille, vers la fin du mois d’août, la graine de l’ortie brûlante, en coupant la tige & en la laissant sécher. Alors la graine tombe d’elle-même ; elle ressemble à la graine de navets, & il n’est pas nécessaire d’en séparer l’enveloppe qui tombe avec elle : on sème ensuite cette graine pendant tout le mois de septembre. »

« On assure que l’on peut aussi ; pendant les mois de septembre & d’octobre, prendre les racines des orties, les séparer & les replanter en coupant les extrémités. En ce cas, il faut, en enlevant les racines, y laisser un travers de doigt de la tige ; on les plante ensuite, en ligne droite, à une profondeur égale à celle où