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ORGE. Tournefort la place dans la troisième section de la quinzième classe des herbes à étamines & propres à faire du pain, & il l’appelle hordeum ; Von-Linné lui conserve la même dénomination, & la classe dans la triandrie digynie.


CHAPITRE PREMIER.

Des espèces d’orges cultivées.


C’est à tort que les auteurs les distinguent en orges d’été & en orges d’hiver, c’est-à-dire espèces qu’on sème à l’entrée de ces époques. Le moment des semailles dépend du climat que l’on habite. Il y a certainement une très-grande différence entre le sol & la température de l’atmosphère des hautes montagnes, & celle du pays-plat des provinces qui bordent la méditerranée. De cette différence doit nécessairement en résulter une pour l’époque des semailles. Ici on a à craindre la sécheresse du printemps & de l’été ; là les neiges de l’automne & de l’hiver : il ne peut donc exister aucune règle générale en agriculture, & le cultivateur doit, d’après l’expérience, examiner le point de démarcation où il se trouve entre les deux extrêmes, & régler sa culture en conséquence. Je prends pour exemple les blés tremois ainsi nommés, parce qu’ils ne restent que trois mois en terre, & encore appelés martiaux, ou blés de mars, époque à laquelle on les sème. Ces blés sont presqu’aussitôt mûrs que les blés hivernaux ou semés avant l’hiver ; mais leur produit est bien inférieur à celui des blés qui ont passé l’hiver en terre & encore bien moindre si la sécheresse règne pendant le printemps & pendant l’été. À plus forte raison dans les climats naturellement chauds & secs, on est forcé de semer avant l’hiver toute espèce de grains farineux si on veut avoir une récolte assurée. Dans les hautes montagnes au contraire, ils périroient ensevelis sous la neige : on y est donc contraint d’attendre qu’elle soit fondue, & la grande chaleur n’y précipite pas la végétation.

Von-Linné compte huit espèces d’orge ; on se contentera de parler ici de celles que l’on cultive.

I. Orge commune, ou orge quarrée, ou grosse orge, ou escourgeonhordeum polystichum vernum C. B. D. hordeum vulgare. Lin.

Fleur ; à pétales ou à étamines ; composée de trois étamines & d’un calice ou enveloppe ; divisée en six folioles linéaires, aiguës, droites, renfermant trois fleurs ; sous l’enveloppe on trouve une espèce de corolle composée de deux battans dont l’intérieur est en forme de lance & plane ; l’extérieur renflé, anguleux, ovale, aigu, plus long que l’enveloppe, se terminant en une longue barbe armée de pointes tournées vers l’extrémité, ce qui la rend dure au toucher, lorsque l’on glisse les doigts de haut en bas.

Fruit ; semence oblongue, renflée, anguleuse, aiguë à ses deux extrémités, sillonnée dans sa longueur, renfermée dans sa balle qui lui demeure étroitement attachée.

Feuilles, longues, étroites, embrassant la tige par leur base & avec un rebord demi-circulaire.

Racine, menue, longuement fibreuse.

Port. La tige varie dans sa hauteur,