sion est facile à faire avec un couteau d’ivoire, ou de bois, ou tel autre instrument tranchant ; mais il faut observer que l’œilleton ait quelques racines qui lui appartiennent en propre, sans lesquelles la reprise seroit difficile.
On œilletonne après que les fleurs sont fanées ; c’est du moins une coutume assez généralement adoptée par les fleuristes. Ne pourroit-on pas également œilletonner aussitôt après l’hiver ? Cette méthode m’a réussi complettement. On est par-là assuré d’avoir, au printemps suivant, un pied bien nourri & une belle fleur.
Après le temps de la fleuraison, on laisse les pots sur l’amphithéâtre s’il n’est pas exposé à un soleil trop, ardent, ou bien on les transporte dans un endroit où la plante ne reçoit que le soleil levant.
Comme l’oreille-d’ours est originaire des plus hautes montagnes, elle ne craint pas le froid, mais beaucoup la trop grande humidité. Le meilleur moyen est de renverser le pot sur son plat, & sa terre n’est plus imbibée par les eaux pluviales. Quelques amateurs transportent leurs pots sous des hangars ou dans des lieux fermés ; c’est une peine de plus, & l’origine de la pourriture, s’ils n’ont pas fait ce transport par un temps sec, ou si la serre est humide. Imiter la nature est le parti le plus sage. À la fin de l’hiver on remet les pots dans leur position ordinaire, & on détache de la plante toutes les feuilles desséchées ou pourries.
L’auricule peut être regardée comme une plante grasse, ou qui se nourrit autant par ses feuilles que par ses racines, & par conséquent qui peut supporter sans beaucoup de risque d’assez longues sécheresses. Les plantes grasses se fanent alors, paroissent languir, mais le plus léger arrosement ranime leur végétation. Je ne rapporte ce fait que j’ai sous les yeux pendant les étés brûlans du Languedoc, que pour prouver que la trop grande humidité est l’ennemi capital des auricules, & que la véritable saison de leur transport est pendant l’été. On les enveloppe avec de la mousse sèche, & elles peuvent demeurer un mois en route. À leur arrivée, si elles sont placées dans des pots, tenues à l’ombre, & arrosées, elles reprennent bientôt leur fraîcheur naturelle.
Multiplier les œilletons, c’est multiplier ses richesses, mais ce n’est pas les varier ; les semis seuls sont dans, le cas de procurer de nouvelles jouissances. Quand doit-on semer ? Les avis sont partagés ; la question me paroît cependant décidée si on a égard au climat. Plus on approche du midi & plus on doit se hâter de faire les semis. Vers le nord au contraire, les semis doivent être faits après l’hiver, ou en février ou en mars. Dans les provinces approchant du midi l’oreille d’ours fleurit beaucoup plutôt, & les graines sont plutôt mûres que vers le septentrion ; de sorte que la graine a le temps de germer, & le germe de se convertir en une plante capable de soutenir les rigueurs de l’hiver suivant, toujours plus tardif & moins rigoureux dans le midi. Dans le nord, les plantes encore trop foibles & trop herbacées pour résister au froid, demandent à être renfermées, & la pourriture les gagne & les morfond. Dans, ce cas, il vaut mieux semer après l’hiver.
La maturité de la graine s’annonce