lumées ; ils n’ont pas fait attention que la lumière de ces lampes rend l’air fixe (voyez ce mot) ou méphitique, & que quoiqu’une des grandes propriétés des arbres soit d’absorber cet air fixe, les orangers ainsi renfermée ne sont pas dans le cas d’épurer l’air, parce que leur végétation est, pour ainsi dire, suspendue, & qu’elle ne peut agir que très-foiblement sur une grande quantité d’air vicié, & qui ne se renouvelle point. Le feu du poêle au contraire attire l’air intérieur de l’orangerie, il le chasse au loin à l’aide de ses tuyaux, & le purifie ; à la vérité il le rendoit un peu trop sec sans la précaution des terrines.
Il est essentiel, aussitôt que les froids sont passés, & que le temps est beau, d’ouvrir les portes & les fenêtres afin de renouveler l’air. Le thermomètre de Réaumur servira de règle au jardinier. Comme les orangeries sont toujours exposées au plein midi & bien abritées du nord, pour peu que le soleil paroisse, la chaleur y deviendra assez forte ; mais dans la crainte que la température ne devienne plus froide la nuit, on aura soin, chaque soir, de les enfermer, à moins qu’on ne soit presque sûr qu’il n’y ait rien à craindre.
ORANGERIE, lieu fermé & destiné pour y mettre à couvert les orangers en caisse, afin de les prévenir de la gelée.
La grandeur de ce bâtiment doit être proportionnée au nombre de pieds d’orangers qu’il doit contenir fort à l’aise ; la forme d’un quarré long est celle qui lui convient le mieux, trop de profondeur empêche les arbres placés sur le derrière de jouir des bienfaits de la lumière. La meilleure orangerie est celle qui est élevée au dessus du sol du jardin, dont les fenêtres sont placées au midi, dont les murs & la voûte ont une élévation supérieure de quelques pieds à celle des plus grands orangers, enfin qui est bien abritée des vents du nord, & sur-tout des vents qui règnent par raffales : les murs doivent être épais & fortement crépis tant en dedans qu’en dehors. Il est prudent d’avoir dans l’orangerie même, & dans la place qui gêne le moins le service, un bassin assez grand pour contenir toute l’eau nécessaire à un arrosement. Comme cette eau sera à la même température que celle des orangers, l’arrosement ne leur nuira pas comme celui qui est fait avec de l’eau plus froide ou sortant du puits. Une bonne orangerie ne doit pas être humide naturellement, parce que cette humidité occasionneroit la chancissure des arbres. Quelques particuliers font couvrir le sol de l’orangerie avec des dales ou avec des carreaux : cette attention est inutile ; il vaut autant que le sol soit bien battu & un peu sablonneux..
On désigne encore par le mot d’orangerie le lieu où sont plantés les orangers lorsqu’on les sort après l’hiver, & où on les laisse pendant l’été.
ORCANETTE. Voyez Planche III, page 114. Tournefort la place dans la quatrième section de la seconde classe des herbes à fleurs d’une seule pièce & en entonnoir, dont le fruit est composé de quatre semences renfermées dans le calice de la fleur, & il l’appelle buglossum, radice rubra, sive anchusa vulgatior. Von Linné la nomme anchusa tinc-