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fleur d’orange lorsqu’elle sera fermée encore, mais prête à s’ouvrir ; l’après-midi, sur les cinq ou six heures, quand le soleil commencera à passer, jamais durant ni immédiatement après la pluie. On observera de ne point tirer ni casser, mais avec l’ongle du pouce, de détacher en coupant & en la prenant dans son pédicule. Il n’est pas besoin de recommander qu’en transportant l’échelle double, on doit veiller à ne point offenser les branches. »

» À l’égard des oranges, depuis le temps oh elles nouent jusqu’à celui de leur maturité, elles sont ordinairement sur les arbres durant quinze mois. C’est une des raisons pour lesquelles leurs feuilles se conservent plus long-temps & ne tombent point toutes à la fois ; elles ont toujours à travailler pour ces fruits : leur séjour prouve encore que, par leur ministère & les fonctions qu’elles sont chargées de remplir envers les arbres, elles préparent & digèrent la séve. La Quintinye prétend que les feuilles des orangers les plus vigoureux sont trois ou quatre ans attachées à la branche, & qu’aux autres elles ne restent pas plus d’un à deux ans. Je puis assurer au contraire, que chaque feuille tombe à peu près dans le cours de l’année, à compter du jour de sa naissance. Lorsqu’on voit les oranges à leur grosseur, vers le temps que j’ai indiqué, on les tire foiblement ; si elles se détachent, c’est un signe qu’elles sont à leur point de maturité ; si elles résistent, on les laisse sur l’arbre. »

L’oranger est pour les pays méridionaux ce que les arbres fruitiers & à plein vent sont pour la France, on ne regarde pas de si près à leur fleuraison & à leur fructification. La récolte des fleurs est un objet considérable ; on les confit & on les distille, pour en obtenir ce qu’on appelle l’eau de fleur d’orange, & dont il se fait une très-grande consommation. Cette récolte ne permet pas de laisser nouer un trop grand nombre de fleurs. On confit également les petites oranges, & par la cueillette qu’on en fait, on ne laisse sur l’arbre, pour mûrir, qu’une quantité déterminée par le coup d’œil ; moins on en laisse, & plus l’orange devient belle. Cependant il en est de ce fruit comme des poires, des pommes, &c ; sa grosseur dépend beaucoup de la qualité de l’arbre & de celle de sa greffe : on a beau multiplier les soins, les engrais, &c., les fruits grossiront un peu plus à la vérité ; mais ils ne seront jamais annuellement bien beaux. Si dans ces pays on attendoit la maturité complette du fruit, on seroit forcé de le consommer sur les lieux mêmes, & il ne pourroit pas soutenir le transport sans pourrir : on est donc forcé de le cueillir long-temps avant sa maturité & avant l’hiver, comme nous récoltons les pommes de calville, de reinette, &c. ; il mûrit sur des tablettes ou dans les caisses que l’on expédie.


CHAPITRE VII.

Des maladies de l’oranger & de ses ennemis.


Ses maladies sont, pour l’ordinaire, une suite de l’éducation forcée que l’on est obligé de suivre, afin de conserver cet arbre dans un climat si différent du sien ; elles sont moins fréquentes, moins graves & moins