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allégeant les bois à fleur, & les conservant autant qu’il est possible, sauf à ravaler après la fleur, lors de l’ébourgeonnement, celles des branches à fruit qui pourroient faire difformité. Les partisans de cette méthode allèguent en sa faveur, le recouvrement le plus prompt alors des plaies faites aux arbres, & ils prétendent que leur vigueur, leur santé & leur accroissement en sont les suites. En convenant qu’elle est assujettissante, parce qu’il faut de quinzaine en quinzaine ébourgeonner les orangers, ils assimilent cette sujétion à celle qu’occasionnent nos espaliers pour lesquels on prend les mêmes soins. »

» La plupart de nos jardiniers taillent les orangers immédiatement après la fleur. Cette méthode a ses avantages & ses inconvéniens. La taille étant faite à la fin de juillet, vers le solstice d’été, qui est le temps de la plus grande pousse de ces arbres, la production du nouveau bois est aisée, & les bourgeons peuvent encore s’aoûter ; d’un autre côté, vous les obligez à faire de nouvelles pousses à la place de celles que vous leurs ôtez dans le temps où ils se sont comme épuisés à produire leurs fleurs. Si on ne leur supprimoit pas à la taille une aussi grande quantité de bourgeons, il est certain qu’ils auroient assez de force pour les nourrir, puisqu’ils en reproduisent un nombre équivalant à ceux qu’on leur a ôtés, & que la séve qui passe dans ceux-là, eût suffi pour substanter ceux-ci. Or, je demande pourquoi abattre ce que la plante ne manque pas de repousser ; ce qui lui est nécessaire, & ce qu’elle est elle-même forcée de reproduire, parce qu’elle ne peut pas s’en passer ? »

» Si au lieu de dépouiller, comme on fait, les orangers de tous leurs bois, on les ménageoit davantage, on en tireroit un meilleur parti. Tous les jardiniers taillent suivant leur goût particulier, sans principes, sans règles ; mais quelles sont les bonnes règles ? en voici un exposé succint. »

» Je commence par adopter la méthode de ceux qui taillent leurs arbres au sortir de la serre. Deux sortes de branches s’offrent d’abord, savoir des bois de la pousse précédente, & des bourgeons nés durant le séjour des orangers dans la serre. Les premiers se sont alongés, ou n’ayant pas eu le temps de se former en entier sont fluets, ou ont péri durant l’hiver ; la peau des seconds est flasque ou trop tendre, & ils ne résistent point au grand air. Il faut donc les receper ou rabattre à un bon œil, & la vraie saison est le printemps. En taillant ou supprimant alors quelques branches de vieux bois, mortes ou mourantes, l’arbre n’en poussera que mieux. »

» On taille encore toutes celles qui s’emportent, qui excèdent ou qui s’abaissent trop, celles dont l’extrémité est fluette, celles qui ayant poussé doubles ou triples, n’ont pas été éclaircies lors de l’ébourgeonnement, ou qui sont nées postérieurement à cette époque ; on les taille, dis-je, par-tout où se trouvent de bons yeux, & on les arrête dessus. Ces branches ainsi rapprochées, font éclore par la suite des bourgeons dont on se sert pour renouveler l’arbre. »

» Si l’on trouve qu’un oranger a poussé plus d’un côté que de l’autre, ou qu’il paroisse vouloir s’y jeter,