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Lorsqu’il règne une longue sécheresse, ou bien lorsque les eaux pluviales ne peuvent pénétrer la couche supérieure, il faut de temps en temps, avec un bâton, ménager des trous qui pénètrent jusqu’au mélange, & y vider une quantité d’eau proportionnée à son volume. Sans humidité il n’y a point de fermentation, & sans fermentation, nulle décomposition, nulle combinaison nouvelle. Si au contraire la masse d’eau est trop considérable, la fermentation cesse aussitôt & ne se rétablit qu’autant que la chaleur augmente & que l’humidité superflue diminue. D’après de tels principes on voit clairement pourquoi les argiles & autres terres sont peu susceptibles de se recombiner & de s’approprier les autres substances auxquelles on les unit.

§. III. De l’encaissement. On a imaginé, pour le service des grandes orangeries, un expédient bien commode, lorsqu’il s’agit d’encaisser ou de décaisser les orangers. Qu’on se figure une échelle double, assez élevée pour surmonter de plusieurs pieds le sommet des branches de l’arbre, & formant un triangle assez évasé par le haut pour que ces mêmes branches ne touchent point les montans de l’échelle ; quatre perches réunies par le haut & assez élevées, produisent le même effet, & sont plus maniables que les échelles. On attache fortement au sommet une poulie, dans laquelle passe une corde dont le bout est terminé par un nœud coulant. On commence par ouvrir le nœud assez pour le faire passer tout autour des branches, & on le descend ensuite sur le tronc ; là on le serre, mais auparavant on a soin de faire glisser la corde entre les branches, de la fixer le plus qu’il est possible sur la perpendiculaire, enfin, de garnir avec de vieux chiffons la partie du tronc que le nœud doit embrasser. Des hommes prennent l’autre extrémité de la corde passée par la poulie, la tirent, & ils soulèvent l’arbre de manière que la base des racines soit au dessus de la partie supérieure de la caisse. Par ce moyen l’arbre reste suspendu ; l’on peut fort à son aise supprimer les racines superflues, & replacer la motte dans le milieu de la caisse.

Si on trouve ce moyen trop embarrassant, on peut décaisser un oranger avec un levier semblable à celui dont on se sert pour soulever les voitures, lorsqu’il s’agit d’en graisser les roues.

Lorsque l’on est privé du secours de l’une de ces machines, la nécessité oblige de coucher le pot ou la caisse, & de tirer l’arbre en dehors à force de bras ; mais comme la circonférence de la tête des orangers est ordinairement du double, ou du triple & même du quadruple de celle de la caisse, il arrive presque toujours que les branches froissées contre le sol, sont endommagées ou cariées. D’ailleurs, il est très-difficile de tourner l’arbre dans tous les sens, lorsqu’il s’agit de retrancher les racines superflues. Pour le rencaisser c’est encore un nouvel embarras, il faut multiplier les bras, on augmente la dépense & les accidens lorsque tous les travailleurs ne sont pas intelligens ; au lieu qu’avec le secours des machines, l’arbre se place de lui-même dans le milieu de la caisse & sur la ligne la plus perpendiculaire.

Plusieurs jardiniers placent dans le fond du pot ou de la caisse des graviers, ou des décombres à la hauteur d’un pouce ou deux dans la vue de