Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépôt. Sa couleur est belle, claire & limpide, moins jaune que celle du fruit ; elle n’est pas agréable, mais elle ne sent ni la carde ni le rance, en quoi elle diffère essentiellement de l’huile d’amande douce qui rancit quatre ou six semaines après qu’elle a été faite, & même plutôt, suivant la chaleur de la saison. Cette huile mêlée avec de l’eau très-claire & froide dans une fiole, & agitée pendant un moment, s’en est séparée ensuite ; elle a pris le dessus & a donné à l’eau une couleur laiteuse. Après avoir décanté l’huile, j’ai reconnu dans l’eau la même saveur & la même odeur qu’à l’huile.

À l’époque dont on a parlé, je partageai en deux parties égales l’huile obtenue des amandes d’olives ; la seconde fut mêlée avec l’esprit de vin qui a constamment surnagé & entre la couche d’huile & d’esprit de vin, il se trouva une couche de demi-ligne d’épaisseur au plus, qui paroissoit être un sédiment. Lorsque j’ouvris la fiole, l’esprit de vin avoit conservé son odeur propre, mais mélangée avec une odeur aromatique, résineuse, & il avoit perdu de sa transparence ; mélangé & agité dans l’eau, il la rendit de couleur opale & très-laiteuse. La fiole contenant de l’huile d’amande & de l’esprit de vin, & étant remplie d’eau, l’huile s’unit avec l’eau qui étoit devenue laiteuse, & l’huile cette fois surnagea le mélange. Cette huile que je goûtai après l’avoir laissé reposer près d’une heure, se trouva douce au goût, ne sentant pas la carde, étant sans rancidité, aromatique, & conservant cette espèce de sentiment de fraîcheur que l’esprit de vin imprime aux huiles, ainsi que je l’ai dit en traitant cet article.

Dans cette seconde expérience, l’esprit a attaqué la partie résineuse, l’huile essentielle ; il s’en est chargé & il a laissé l’huile pure, à l’odeur près, mais douce & agréable sur la langue ; cependant quelques minutes après il est survenu un arrière-goût un peu âcre ; peut-être cet arrière goût est-il encore l’effet de celui des huiles que j’ai goûtées pendant toute la matinée.

Le marc des amandes séparées des noyaux, a été mis à la même époque, en digestion avec l’esprit de vin ; cet esprit coloré en jaune rougeâtre, mêlé avec au moins dix fois son volume d’eau claire, l’a rendue très-laiteuse & trouble. Ce mélange n’a aucune odeur d’huile, mais il est aromatique, résineux & fort ; sa saveur est amère & résineuse.

Le marc de la poudre des noyaux mêlé avec l’esprit de vin, a simplement rendu l’eau dans laquelle j’avois versé une quantité d’esprit, louche & un peu laiteuse. Son odeur fétide se distinguoit très-aisément de celle de l’esprit-de-vin ; sa saveur étoit fade & sans amertume.

Le même esprit de vin ajouté au marc de la chair, des noyaux & des amandes des olives, a contracté une couleur approchante de celle des vins rouges d’Espagne, & transparente ; l’addition d’eau l’a troublée. Sa saveur s’est trouvée extrêmement amère, & elle a laissé l’empreinte du goût d’une huile désagréable & résineuse.

M. Sieuve dit que trois livres sept onces d’amandes ont rendu une livre quatorze onces d’huile : nos expériences diffèrent en ce que l’auteur n’a procédé à l’examen que trois ans après avoir extrait l’huile, & je n’ai attendu que quinze à seize mois ;