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des oliviers dans nos provinces du midi. Sur cent pieds d’arbres qui périrent chaque année dans un territoire, on n’en replante pas dix pour les remplacer.

Si quelques mères-branches s’étendent beaucoup plus d’un côté que de l’autre, c’est le cas de les raccourcir afin que les bourgeons qu’elles donneront soient au niveau des voisins ; ainsi rapprochés, ils se prêtent un secours mutuel, & se défendent contre l’intempérie des façons.

L’hiver de 1709 fit périr les troncs de presque tous nos oliviers. Il poussa heureusement de leurs racines plusieurs bourgeons qui, dans la suite, devinrent des arbres, & servirent à regarnir les places vides. On voit aujourd’hui sortir de la même souche deux troncs, & même jusqu’à trois. Il est trop tard maintenant pour songer à les séparer, même pour remplacer des arbres morts. On nuiroit aux pieds voisins, soit à leurs racines, soit en les laissant chargés de branches d’un seul côté ; cependant, si le second ou le troisième décline visiblement, s’il languit, ou ne donne que très-peu de fruit, on peut le couronner, lui trancher la tête jusqu’à la naissance des branches. Si cette opération ne le rajeunit pas, si elle ne le remet pas en bon bois nouveau, cet arbre étique doit être coupé par le pied.

L’émondage est une opération de l’année après la taille, & elle doit avoir lieu lorsque l’on ne craint absolument plus le retour, des gelées. Elle consiste dans la soustraction des branches & des rameaux que les rigueurs de l’hiver ont fait périr, & particulièrement des rameaux desséchés par la piqûre des insectes. Si à cette époque en apperçoit des bois gourmands, c’est le cas de les abattre avec la réserve dont on a parlé plus haut. Mais comme la végétation des gourmands est rapide & se fait, pour ainsi dire, tout-à-coup, il est prudent de suivre de nouveau son olivette, & dans le mois d’août de supprimer les gourmands qui auront poussé, & dont on ne peut tirer aucun parti.

La taille de l’olivier est comme celle de tous les autres arbres fruitiers, elle demande beaucoup de discernement ; mais elle a cela de particulier, c’est qu’elle ne ressemble à aucune autre. Le plus habile tailleur d’arbres de Montreuil seroit bien embarrassé si on lui confioit la conduite d’un olivier. Après un an ou deux d’études je lui livrerois sans peine mes arbres, parce que, accoutumé à travailler d’après des principes, & à réfléchir sur son ouvrage, il donneroit la même attention à la taille de l’olivier qu’à celle de ces arbres.


CHAPITRE IX.

De la greffe de l’olivier.


Cet arbre est susceptible de recevoir toutes les greffes connues. (Voy. ce mot) Celle en écusson & à œil poussant mérite la préférence, & réussit mieux que toute autre. Comme cet article a déjà été traité, je n’insisterai ici que sur les points essentiels à l’olivier.

La greffe a lieu dans trois cas ; sur le sauvageon, afin de le rendre franc ; sur l’arbre d’espèce chétive ou peu productive dans le pays ; sur le sujet qui s’élève des racines & rejetons. La meilleure époque pour greffer est lorsque l’arbre commence à être en fleur. Les greffes hâtives ou plus tardives sont moins sûres. Si on ne craignoit les effets du froid, la greffe à œil