Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être une loi, alors la taille bienne devroit être admise sans examen, cependant cette universalité parle en sa saveur. Il faut tailler les oliviers, voilà un point de fait, quoique l’on trouve des exceptions à cette règle ; ainsi en taillant chaque année la moitié de ses arbres, toutes les probabilités se réunissent pour faire espérer une récolte égale chaque année. La taille trienne n’est pas à rejeter lorsque, soit par le peu de vigueur de l’arbre, soit par l’âpreté de l’hiver, on a été forcé d’abattre beaucoup de grosses branches, beaucoup de bois mort, &c. ; après une circonstance aussi fâcheuse, à quoi serviroit la taille bienne ? sinon à détruire de bon bois & par conséquent le produit qui auroit eu lieu la troisième année. Un simple émondage suffit la seconde année afin de supprimer le trop grand nombre de bourgeons inutiles qui croisent & s’embrouillent avec les autres.

La taille de quatre en quatre années est bonne en elle-même, lorsque les oliviers soutenus par la chaleur & les saisons, végètent dans un bon fond, & lorsque leur belle apparence extérieure annonce la vigueur de leur végétation.

Le but de la taille est d’aider l’arbre à pousser du jeune bois, & à le maintenir dans sa force. C’est donc cette force de végétation qui varie d’espèce à espèce d’olivier, & de champ à champ, qui doit décider l’année de la taille, & non pas une règle générale toujours soumise à mille exceptions. Tant que l’on voit l’arbre donner de nouveaux rameaux avec l’apparence de vigueur & d’embonpoint, la taille est inutile. En agir autrement, c’est de gaieté de cœur agir systématiquement & contre ses propres intérêts.

Je conclus que la taille est nécessaire suivant les circonstances ; que, généralement parlant, la bienne est la plus nécessaire de toutes ; que la trienne & même celle après quatre ans, ont quelquefois de grands avantages, suivant les climats, le sol, &c. Si l’olivier de nos champs pouvoit être cultivé en espalier, comme les arbres fruitiers dans nos jardins, & avec les mêmes soins, j’admettrais alors la taille annuelle, parce que je serois le maître de retrancher, de disposer & de conserver les branches à volonté. On peut donc dire que la coutume plutôt que le raisonnement a établi des règles générales, & encore une fois toute règle générale est abusive.

§. II. Dans quelle saison de l’année doit-on tailler ?

Les opinions sont encore partagées sur ce point : les uns conseillent de tailler aussitôt après la récolte, & les autres après l’hiver.

Les partisans de la première méthode disent 1°. que si l’on taille au moment de la récolte, les cueilleurs n’ont aucune peine à ramasser le fruit sur la branche qui vient d’être abattue, & que la récolte est plutôt faite ; 2°. que lorsque l’arbre est dégagé de ses branches surnuméraires, qu’il est bien évidé, il est moins abymé par le poids de la neige qui souvent fait briser & éclater les branches près du tronc. 3°. L’arbre ainsi évidé & dégarni, permet au courant d’air de circuler plus librement tout autour des branches & du tronc, cet air dissipe l’humidité qui augmente l’évaporation & par conséquent le froid. 4°. Cette saison est morte, c’est-à-dire que les ouvriers ont peu de travail à faire,