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que deux hommes puissent les transporter facilement d’un lieu à un autre, suivant les besoins relatifs aux climats.

Il est plus économique & à peu près aussi expéditif de semer en pleine terre que dans des caisses : pour les semis du mois de juin, dans les provinces méridionales, je préfère les caisses, parce qu’au moyen de l’arrosoir on les humecte autant que l’on veut, tandis qu’en pleine terre, l’irrigation, (voyez ce mot) est indispensable, & cette grande quantité d’eau répandue à la fois, serre trop la terre, la durcit & s’oppose à la levée des graines. Les caisses offrent l’avantage d’enlever la totalité des plants, sans nuire en aucune manière aux racines, sans les mutiler ni les meurtrir. Il suffit d’en déclouer un seul côté, de lever la masse entière, & de séparer avec la main les racines de chaque pied, des racines voisines ; enfin de l’avoir avec toutes ses racines. En pleine terre, au contraire, on est presque forcé de les mutiler, d’en détruire le plus grand nombre lorsqu’on enlève le semis.

On objectera que les caisses seront bientôt remplies de chevelus ; qu’ils n’y trouveront pas une nourriture suffisante dans cette terre ; que ces caisses ne contiennent pas un assez grand nombre de pieds, &c.

Si la terre contribuoit seule à la nourriture des plantes, ces objections seroient bien fondées. Mais une grosse plante de giroflée ne prospère-t-elle pas admirablement bien dans un vase ; un oranger dans sa caisse, &c. ! L’air nourrit les plantes tout autant que la terre, pour ne pas dire plus. Voyez le mot Amendement, & le dernier chapitre du mot culture. Remplissez ces caisses de bonne terre végétale & douce ; au besoin renouvelez la couche supérieure ; entre chaque pied ajoutez de nouvelle terre ; couvrez le tout avec du crottin de cheval, qui empêche en partie la forte évaporation, & ne soyez pas économe d’arrosemens. C’est avec des soins pareils que je parviens, malgré les chaleurs du climat que j’habite, à avoir de beaux & bons semis ; il faut cependant avouer que dans ces caisses je ne laisse pas autant de pieds qu’en pleine terre. Lorsque les arrosemens ont trop délavé le crottin, je le supplée par de nouveau qui ranime la végétation. Cette opération répétée deux fois dans un été, est suffisante. Des caisses supportées par des morceaux de bois, à la hauteur de trois à quatre pouces au-dessus du sol, préservent les semis des larves ou vers du hanneton, du moine, du taupe-grillon sur-tout (voyez ce mot) qui dévorent les racines, & qui font, en peu de jours, périr tout un semis. Cependant on doit observer attentivement, lorsqu’on se sert des caisses, si dans la terre dont on les remplit, il n’y a point d’œufs de ces insectes, afin de les ôter, parce qu’ils y éclosent, & causent ensuite les plus grands dégâts.

La terre de la caisse doit être légère & très-substantielle ; mais si l’on préfère de semer dans un coin du jardin, dans une plate-bande, &c. il est essentiel à la germination & à la prospérité du plant, que la terre ait la même qualité ; mais elle demande à être défoncée à dix-huit pouces de profondeur, enrichie de