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on la trouve en Provence en petite quantité ; elle est très-rare en Languedoc. Celle qu’on nomme coiasse à Nismes n’en approcheroit-elle pas ? Son fruit est arrondi à sa base, un peu pointu à son sommet, très-renflé dans son milieu ; la moitié se jette quelque fois de côté, c’est-à-dire qu’elle est plus grosse que l’autre partie. Son noyau a beaucoup de ressemblance avec celui de l’odorante, N°. 12 ; mais il est encore plus long & plus arrondi à sa base ; les feuilles sont courtes, à peu près également alongées par les deux extrémités ; cet arbre est celui qui acquiert plus de volume, soit pour le tronc, soit pour les branches, qu’aucun de ceux que l’on cultive en France. On croit que cette espèce est l’orchites des anciens.

XIV. L’olive Royale, ou la Triparde. Olea regia. Roz. Olea fructu majori, carne crassâ, Tourn. Elle est bonne à confire ; son huile a peu de qualité, & fait beaucoup de crasse. Son fruit moins gros que celui du N°. 13, est charnu, pulpeux ; son noyau en tout semblable à celui du précédent ; ses feuilles plus petites à la vérité, étroites, alongées.

XV. La Pointue, ou la Punchude. Olea atro-virens. Roz. Olea fructu oblongo atro-virente. Tourn. Si l’application de la phrase de Tournefort est juste & convient à cette espèce, il est clair qu’elle a plusieurs variétés ; au moins pour la couleur du fruit, ou pour sa forme & celle de ses feuilles, elles se ressemblent assez bien. Le fruit est par-tout alongé, pointu par les deux bouts, & sur-tout par le supérieur. Le noyau suit ou donne la forme du fruit, une pointe très-vive le termine par le haut, sa base l’est beaucoup moins. Ici, la couleur du fruit est d’un vert noirâtre ou vineux, & le noyau gros, proportion gardée avec le fruit, qui donne une huile fine, quoiqu’elle fasse beaucoup de dépôt ; là, le fruit dans sa maturité a une couleur rouge qui approche de celle de la jujube (voyez ce mot), quoique moins vive, & la plus grande maturité ne le noircit jamais, d’où lui a été donné le nom de Rougette[1]. Son noyau, quoique de même forme que le précédent, est moins gros, il occupe moins la place de la pulpe, & donne par conséquent plus d’huile, qui est estimée. Cette espèce assez commune au St.-Esprit, y a été apportée de Provence, & commence à se multiplier dans le Languedoc. Elle n’y grossit pas beaucoup, mais elle donne chaque année. Les feuilles de ces deux espèces sont très-étroites & très-alongées.

On connoit encore une variété de la dernière, sous la dénomination de Rougette Bâtarde, dont la feuille est plus large & moins alongée par les deux bouts. L’arbre n’est pas délicat sur le choix du terrain, il charge beaucoup ; son huile est bonne & d’une belle couleur dorée.

XVI. L’olive Blanche, ou la Blancane, ou la Vierge. Olea alba. Roz. Olea latiore folio, fructu albo. Tourn. Très-rare en Languedoc, plus commune dans les environs de

  1. Si on croit qu’elle soit une espèce séparée, on peut la désigner par ces mots ; olea rubicans.